Allocution de l’Archevêque au 8ième Souper-bénéfice de l’Archevêque
Archidiocèse d’Ottawa—Ottawa Convention & Event Centre
Le mercredi, 21 octobre 2015
Excellences,
Révérends Pères,
Chères Sœurs,
Chers membres et amis de l’Archidiocèse d’Ottawa
et chers amis de tous ceux et celles qui souffrent d’un
besoin :
Tout
le monde catholique porte dans la prière une rencontre qui a lieu à Rome à ce moment-ci,
le Synode des évêques qui terminera ses délibérations dimanche prochain. Ce
synode a pour thème « La vocation et la mission de la famille dans
l’Église et le monde contemporain. »
Nous
connaissons bien les enjeux : la séparation, le divorce, le remariage dans
les couples catholiques; les changements législatifs qui affectent la
définition du « mariage de personnes de même sexe » et l’adoption;
les brisures au sein des familles, les nouvelles méthodes d’éducation des
enfants, les familles reconstituées et encore plus. Nous en voyons les
conséquences dans nos paroisses et dans nos écoles. Des adultes, comme des
enfants, sont aux prises avec des situations familiales particulières. Nous
sympathisons avec ceux et celles qui doivent faire face à des situations de ce
genre.
Vous
comprendrez donc, pourquoi l’archidiocèse a choisi comme thème pour l’année
pastorale 2015-2016 « La famille, foyer d’amour et de miséricorde ».
Les enfants, les familles, parents et grand-parents, soeurs et frères, oncles
et tantes, brûlent d’envie pour un foyer où ils peuvent trouver amour, affirmation
de soi et appui. Mais, puisque nos familles sont aussi des endroits où nous
connaissons des blessures, la mésentente et la déception ne sont pas chose
rare. Nous devons appuyer nos familles afin qu’elles puissent être des havres
de miséricorde, de renouvellement, de transformation.
Conscients
que Dieu seul est parfait, nous devons tous sauvegarder la dignité de chaque
personne. Chaque enfant devrait reconnaître que son identité, sa valeur, repose
dans le fait qu’il ou elle est oeuvre de Dieu et fille, fils adoptif de Dieu.
(Rm 8,15; Ep 1,5). Nous devons faire la distinction entre l’identité et le
comportement. Que les couples se chérissent l’un l’autre. Que les enfants
soient respectueux et obéissants à l’égard de leurs parents. Que les parents
corrigent les écarts de conduite de leurs enfants sans les irriter et en
laissant leur identité intacte. (Ep 6,4; Col 3,21). Soyons toujours aimables.
Quand des comportements mènent à l’offense, nous devons pardonner et savoir demander
pardon. La miséricorde, c’est ça.
Dans
notre archidiocèse, nous avons, donc, choisi de lier la famille, non seulement
avec l’amour, mais, aussi, avec la miséricorde. Le pape François nous a invités
à célébrer le Jubilé de la miséricorde qui s’étendra de la fête de l’Immaculée
Conception – 8 décembre prochain – jusqu’à la fête du Christ-Roi, à la fin
novembre 2016.
Le
texte des écritures que nous avons choisi afin d’accompagner notre thème est
tiré d’un des premiers sermons de Jésus où il exhorte ses disciples ainsi :
« Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux » (Lc
6,36).
Matthieu
nous rapporte le discours un peu différemment alors que Jésus demande à ses
disciples d’aimer leurs ennemis. « Soyez donc parfaits, tout comme votre
Père qui est au ciel est parfait. » En somme, qui reste-t-il encore à
aimer, si nous avons aimé jusqu’à aimer nos ennemis? Notre motivation à être « parfait »
en amour ou afin d’être « miséricordieux » est ancrée dans l’amour du
Père, amour parfait et miséricordieux. Il donne sans mesure.
Dieu
fait lever son soleil aussi bien sur les méchants que sur les bons, il fait
pleuvoir sur ceux qui agissent bien comme sur ceux qui agissent mal (Mt 5,45), afin
que chacun puisse bénéficier d’une abondante récolte. Jésus proclame que Dieu
est bon « envers les ingrats et les méchants ». Voilà pourquoi, nous
devons être miséricordieux à notre tour.
Nous
sommes à concevoir une Porte sainte pour la cathédrale Notre-Dame. Elle sera
l’expression de notre volonté de goûter à la miséricorde de Dieu et de la
partager avec les autres. J’espère que vous ferez un pèlerinage afin de passer
par la porte sainte à compter du 12 décembre. Peut-être pourriez-vous y venir
avec votre paroisse, votre communauté religieuse, votre groupe de prière, en
groupe de Chevaliers de Colomb ou de Filles d’Isabelle, avec des amies du Catholic
Women’s League ou avec d’autres associations.
Dans
une lettre pastorale qui paraîtra bientôt, j’inviterai tous les fidèles de
l’archidiocèse à faire, durant l’année de la miséricorde, une oeuvre
spirituelle et une oeuvre corporelle de miséricorde. J’encourage chaque
catholique à célébrer le sacrement de la réconciliation — à se confesser — durant
l’année de la miséricorde. Goûter à l’amour miséricordieux de Dieu et à son
pardon, dans le confessionnal ou dans la salle de réconciliation, peut être une
grande motivation afin d’être miséricordieux envers les autres à notre tour.
Souvent,
nous ressentons une grande satisfaction et un sentiment d’accomplissement
lorsque nous faisons des oeuvres corporelles de miséricorde. Nourrir les
affamés et donner à boire aux assoiffés à la Banque alimentaire centrale de Hawkesbury
ou à St. Joseph’s Supper Table; vêtir les personnes nues; accueillir les
étrangers; donner un toit aux sans-abri par l’entremise du Centre catholique
pour immigrants, la Société Saint-Vincent de Paul ou Chez Mère Bruyère;
visiter les malades et les prisonniers; ou enterrer les morts par l’entremise
de divers programmes communautaires — tout cela peut nous toucher profondément
et nous rendre meilleurs. La compassion manifestée envers les autres change nos
coeurs, à l’essence même de notre être.
Les
oeuvres spirituelles de miséricorde sont moins connues et plus difficiles à
accomplir. Ce sont : instruire les ignorants; affermir ceux qui doutent; corriger
ceux qui font du tort aux autres; endurer les injures avec patience; pardonner
les offenses et les mauvaises actions; réconforter les affligés; prier pour les
vivants et pour les morts. Pourtant, ces oeuvres de miséricorde ressemblent
bien à ce que fait Kateri Native Ministries afin d’appuyer, guérir et
réaffirmer nos soeurs et frères autochtones et ce que nous faisons lorsque nous
offrons notre soutien aux parents qui ont de la difficulté avec leurs jeunes,
aux enfants eux-mêmes ou à nos collègues de travail, aux membres de notre
famille et à nos amis.
Un
des titres du pape, parmi tant d’autres, est « Serviteur des serviteurs de
Dieu ». Le pape François continue d’attirer les gens vers lui. Il se fait
humble et se tourne vers les marginalisés. Il rencontre et il embrasse ceux et
celles qui vivent en marge de la société. Il nous lance le défi de faire de
même; aller auprès de ceux qui souffrent, qui sont égarés, abandonnés ou
rejetés, et les ramener auprès de nous. Nous mettre à leur service; leur
rappeler humblement leur glorieuse identité en Jésus-Christ. C’est cela être un
maître-serviteur.
La
grande mystique carmélite et réformatrice Sainte-Thérèse d’Avila dont c’était
la fête jeudi dernier et, pour laquelle nous célébrons cette année le 500e
anniversaire de naissance, a écrit cette méditation : « Le Christ n’a pas de corps que le vôtre : pas de mains, pas de
pieds sur terre que les vôtres. Vôtres sont les yeux avec lesquels il jette son
regard de compassion sur le monde; vos pieds avec lesquels il marche en faisant
le bien; vos mains par lesquelles il bénit son peuple ».
La
vie du baptisé ne doit pas être comme une étoile filante qui n’illumine le
monde que pour quelques minutes. Nous devons laisser notre lumière briller et
éclairer à chaque jour. Nous nous soucions de nos enfants. Nous nous levons et
allons au travail, nous servons avec enthousiasme, comme si nous servions le
Seigneur. (Ep 6,7) . Nous prenons soin de ceux qui sont dans le besoin et que
Dieu met sur notre route. Nous partageons nos biens, nos repas, nos vies et
notre amour.
Je
vous laisse avec cette question : que pouvez-vous faire afin d’être un
exemple d’amour miséricordieux et de service, reflétant ainsi, un peu l’amour
et la miséricorde de Dieu? À qui devriez-vous accorder votre pardon? À qui
devriez-vous demander pardon? Qui a besoin de votre gentillesse? Si nous les
cherchons, Dieu nous accordera l’occasion d’être miséricordieux envers les
autres comme notre Père céleste a été, et continue d’être, miséricordieux
envers nous.
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