Ouverture
de l’Année de la Miséricorde
à
la Basilique-cathédrale Notre-Dame d’Ottawa
accompagnée
de la remise de décorations papales
en
la solennité de l’Immaculée Conception, le 8 décembre 2015
MARIE,
MODÈLE DE RÉCONCILIATION ET DE MISÉRICORDE
[Textes: Genèse 3,9-15,20; Psaume 97(98);
Éphésiens 1,3-6,11-12; Luc 1,26-38]
Chers frères et
sœurs dans le Christ,
En mon nom, et
au nom de tous les fidèles rassemblés ici ce soir en la solennité de
l’Immaculée Conception, je voudrais d’abord, en début de cette célébration,
souhaiter une bienvenue bien spéciale aux familles, aux amis, aux membres des
Communautés religieuses qui accompagnent les personnes qui recevront une
décoration papale au terme de cette Messe.
Nous nous
réjouissons tous avec vous alors que vous sont décernées ces honneurs bien
mérités. Comme le dit si bien saint Paul en parlant du Corps du Christ : ‘si
un membre est à l’honneur, tous partagent sa joie’ (1 Corinthiens
12, 26).
En ce début de
l’Année de la Miséricorde, nous célébrons l’immaculée Conception de la Vierge
Marie, de qui le poète William Wordsworth disait qu’elle est celle a donné à notre humanité entachée un
brin d’espoir.
Cette
célébration se déroule autour de deux thèmes que nous porterons tout au long de
cette Année jubilaire : la miséricorde et la réconciliation.
On pourrait
définir la miséricorde comme étant un geste de bonté démesuré et non mérité qui dépasse la capacité
normale des humains.
Notre monde a
grand besoin de réconciliation. Le dialogue entre Dieu et Adam et Ève qui nous
est raconté dans la première lecture, dans cet extrait du livre de la Genèse que nous venons
d’entendre, nous fait bien saisir l’origine du mal qui est parmi nous.
Ce passage qui
relate ce qui est advenu après qu’Adam et Ève eurent mangé du fruit défendu, se
lit comme un drame judiciaire. Le Créateur de l’univers se manifeste à nos
premiers ancêtres dans le jardin et leur demande des comptes. Les coupables
tentent de se cacher, d’éviter Dieu. Dieu appelle Adam. Celui-ci demeure évasif.
Il a peur et il a honte. Il se sent nu devant son Créateur, malgré ses efforts
pour se dissimuler.
Dieu ne cherche
pas à faire peur, mais plutôt à faire prendre conscience : Qui donc t’a dit que tu étais nu ? Dieu donne
une occasion à Adam d’avouer sa
faute : Aurais-tu mangé du fruit de
cet arbre ?
Adam cherche à
justifier son geste et à jeter le blâme
sur quelqu’un d’autre, d’abord sur Dieu qui lui a donné une femme et ensuite
sur la femme pour lui avoir donné ce fruit à manger. Malgré tout, Adam admet
avoir mangé de ce fruit défendu. Dès lors, la relation des humains avec Dieu,
et entre eux, a été affectée.
Dieu se tourne
vers la femme et lui pose la même question. Celle-ci cherche également à
rejeter le blâme sur quelqu’un d’autre. Elle ne blâme pas Dieu mais le serpent.
Elle rejette le blâme sur la ruse du serpent. Elle dit que le serpent l’a
trompée. Elle avoue elle aussi qu’elle a mangé du fruit défendu.
Dieu prononce
ensuite sa sentence. Il juge d’abord le serpent. Il annonce ensuite à la femme
que c'est dans la peine qu’elle enfantera et à l’homme que c’est dans la peine
qu’il tirera sa nourriture tous les jours de sa vie, que c’est à la sueur de son front qu’il gagnera son
pain.
Ce jugement
touche les points importants de la vie : le mariage et la sexualité, la
naissance et la mort, le travail et la nourriture, la relation entre le monde
des humain et le reste de la Création. Parce que l’humain désobéit à la loi de
Dieu, la mort vient mettre fin à la vie sur terre. Un désordre est venu
s’établir parmi la Création.
Le péché
présente tout un défi pour la réconciliation entre Dieu et l’humanité. Pourtant les propos de Dieu annonçant une
hostilité entre la femme et le serpent sont signes précurseurs d’une réconciliation à venir et constituent
un genre de protévangile, de Bonne Nouvelle. Dieu tient à ce que les choses
n’en restent pas là lorsqu’il s’agit du péché. Cela est dû à la grande
tendresse de Dieu comme nous le dit le pape François.
Le plan de Dieu
est de nous guérir des blessures du péché originel. Voilà pourquoi in envoie
l’ange Gabriel auprès de Marie. Elle est la Vierge que Dieu a préservée de tout
mal, celle qui sera à l’origine de la phase définitive de l’histoire du salut.
Dieu le Tout-Puissant envoie son archange Gabriel, dont le nom qui signifie
‘force de Dieu’, et attend la réponse de
cette jeune fille, toute innocente, qui vit dans un tout petit village presque
insignifiant en Israël. Et Marie a répondu ‘oui’ à cette extraordinaire
miséricorde de Dieu.
Parmi ses
nombreux titres, on dit de Marie qu’elle est la seconde Ève, celle qui a donné
lieu à une seconde chance à cette humanité déchue. Marie porte également le
titre de ‘Mère de la Miséricorde’.
Marie
entreprend ensuite un long trajet pour se rendre chez Élisabeth, sa cousine
qui, malgré son âge avancé, attend elle aussi un enfant. Celle qui était
stérile sera la mère du précurseur du Messie. C’est ainsi que Marie, celle qui
a été bénite de la miséricorde de Dieu, s’est faite elle aussi miséricordieuse.
Comme je le
disais la lettre pastorale que j’ai écrit pour l’Année de la Miséricorde, Dieu
nous invite tous à nous faire nous-mêmes miséricordieux. La miséricorde, nous
la recevons de Dieu et nous devons la passer aux autres.
‘ Le pape
François nous demande de faire deux choses cette année : célébrer et
expérimenter la miséricorde de Dieu dans le sacrement de Réconciliation par une
confession personnelle bien préparée et accomplir des œuvres de miséricorde, des
œuvres de miséricorde corporelles pour aider les personnes dans le besoin et
des œuvres de miséricorde spirituelles afin de raviver l’âme et l’esprit.
Dans le
sacrement de Réconciliation, nous faisons l’expérience de l’amour
miséricordieux de Dieu. Cette rencontre apporte guérison, paix et joie. En faisant nous-mêmes l’expérience de la
tendresse du pardon de Dieu, nous voudrons partager ce cadeau avec les autres.’
Dans sa lettre
aux Éphésiens, saint Paul parle également
de miséricorde reçue et partagée. Dans sa grande miséricorde, Dieu nous a
choisis afin que nous participions à sa mission de salut en nous faisant
nous-mêmes miséricordieux. En lui, (le Christ Jésus), il nous a choisis avant
la création du monde, pour que nous soyons, dans l’amour, saints et
irréprochables sous son regard.’
Dans les
Écritures il est écrit qu’Ève est ‘la mère de tous les vivants.’ Dans la
tradition de l’Église, Marie est appelée la ‘Mère de tous les justes, de tous
les sauvés.’ Grâce au don de Dieu, Marie surpasse de loin toute autre créature,
sur terre et dans les cieux. Mais étant de la race d’Adam, Marie est également
unie à nous tous qui avons besoin d’être sauvés. En effet, Marie est la Mère de tous les
membres qui composent le corps du Christ.
Marie est pour
nous tous, modèle de foi et de charité. Réjouissons-nous aujourd’hui avec elle,
avec celle qui la première a accueilli la miséricorde de Dieu et s’est
empressée de la transmettre aux autres.
En cette Année
jubilaire, n’hésitons pas nous aussi à suivre les pas de Marie, à accueillir la miséricorde de Dieu et à la
transmettre aux autres en accomplissant des œuvres de miséricorde corporelles
et spirituelles. C’est la grâce que je vous souhaite. Amen.
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