Ordination sacerdotale de Jacques Breton & Alexandre Marchand, FSSP
Chapelle du Grand séminaire de
Saint-Hyacinthe
Le 13 juin 2015 – Fête de saint Antoine de
Padoue
[Textes :
2 Tim 4, 1-8; Ps 36, 30, 31 ; Matt 5, 13-19]
Chers frères et sœurs dans le Christ,
Aujourd’hui est
un grand jour pour les membres de la Fraternité
sacerdotale Saint-Pierre, - ainsi que pour parents et amis - tout
particulièrement pour ceux et celles qui habitent ici, au cœur du Canada français.
En effet, aujourd’hui, nous nous sommes réunis pour célébrer l’ordination
sacerdotale de deux nouveaux membres de la Fraternité, deux hommes qui
proviennent du diocèse de Saint-Hyacinthe et de l’archidiocèse de Gatineau.
L’Évangile nous
appelle à tout quitter pour suivre le Christ. C’est ce que saint Antoine de Padoue, prêtre et docteur de
l’Église, a fait toute sa vie. Dieu a l’appelé maintes et maintes fois à
changer de cap, à s’engager dans des chemins nouveaux. Chaque fois, saint
Antoine a répondu généreusement, avec ardeur, toujours heureux de pouvoir
contribuer encore davantage la mission que lui confiait notre Seigneur Jésus
Christ.
Saint Antoine
s’est engagé à servir le Seigneur tôt dans sa vie. Encore jeune homme, il entra
dans la communauté des Augustiniens, laissant de côté pouvoir et richesse afin
de pouvoir consacrer tout son temps et son énergie à servir Dieu.
Plus tard,
lorsqu’il vit passer devant lui les corps de deux frères franciscains martyrs
qu’on ramenait du Maroc, il fut pris comme d’un coup de foudre. Il voulut se
faire plus proche du Seigneur comme ces frères qui avaient accepté de donner
leur vie pour la Bonne Nouvelle.
Antoine décida
donc de devenir franciscain et se mit en route pour aller évangéliser les
Maures. Un fois rendu, sa santé déclina.
Sur le chemin du retour, le vaisseau fit naufrage et il échoua à Messine, en
Italie. Là, il se joignit à un petit ermitage où il passa son temps à prier, à
méditer les Écritures et à accomplir de petites tâches.
Mais l’appel du Seigneur se fit entendre de nouveau. Lors d’une
ordination, alors qu’aucun des frères ne s’était préparé à prendre la
parole, le supérieur demanda à Antoine de
prononcer l’homélie. Obéissant, saint Antoine accepta en toute humilité. Il n’était pas préparé, mais il accepta quand
même. Ce fut une véritable révélation. Sa connaissance profonde des Écritures,
ses heures consacrées à la prière, ses vertus de pauvreté, de chasteté et
d’obéissance, avaient donné libre cours à l’Esprit Saint qui pouvait se servir
de ses talents. Sa prédication reçue l’admiration de tous, tout
particulièrement de ses confrères qui savaient qu’Antoine n’avait pas eu le
temps de se préparer, et qui ne se
doutaient pas que l’Esprit Saint pouvait inspirer de si belles paroles.
Reconnu pour sa grande dévotion, ses heures consacrées à la prière
et sa grande connaissance des Écritures,
Antoine fut bientôt reconnu comme étant un grand théologien. Il devint le
premier franciscain à enseigner la théologie aux autres frères franciscains. Un
jour, on lui demanda de se rendre à Albigeois en France combattre les hérésies,
convertir et réassurer les fidèles. Parmi les
hérésies qui avaient cours dans
cette partie du monde à cette époque, on retrouve la négation de la divinité du
Christ et l’existence des sacrements.
Après avoir été supérieur des frères franciscains dans le nord de
l’Italie pendant trois ans, Antoine s’établit dans la ville de Padoue. Là, il
se remit à prêcher et à préparer des ébauches de sermons qu’il distribuait aux
autres frères afin de les aider.
Dieu fit ce qu’il voulait avec Antoine. L’engagement et
l’intensité de la vie spirituelle de saint Antoine ont certainement plu à Dieu.
Elle attire encore toute notre admiration.
Saint Antoine continue toujours de susciter une grande dévotion
populaire. Celui que nous invoquons lorsque nous recherchons un objet perdu
s’est ‘retrouver lui-même’ si on peut dire en se soumettant complète à la
volonté et à la Providence de Dieu.
Parmi les textes de ses homélies de saint Antoine, nous retrouvons
ce beau passage : ‘’Les saints sont comme les étoiles. Dans sa
providence, le Christ les cache dans un endroit caché afin qu’ils ne puissent
briller devant les autres au moment où ils pourraient souhaiter le faire.
Pourtant, ils sont toujours prêts à quitter le calme de la contemplation pour
accomplir des œuvres de miséricorde aussitôt qu’ils perçoivent dans leur cœur
l’invitation du Christ.’’ Ces paroles évoquent les paroles de
l’Évangile que nous entendrons plus tard
au cours de cette messe, lorsque le Christ déclare que ses disciples sont le
sel de la terre et la lumière du monde.
Dans l’épître que nous
venons d’entendre, saint Paul nous livre son testament spirituel. S’il prend
le temps d’encourager Timothée, son successeur dans la mission, il lui parle aussi
du grand défi qui l’attend. Paul s’est efforcé de bien préparé Timothée et
celui-ci a cherché à imiter son mentor.
Paul parlera à Timothée de cette triste réalité que, malheureusement,
nous percevons encore de nos jours : ‘tous ceux qui veulent vivre en
hommes religieux dans le Christ Jésus subiront la persécution.’ Et dans le
combat qui se perpétue entre les justes et les opposants au Seigneurs, les
pécheurs et les charlatans chercheront toujours à tromper comme ils ont été
trompés.
Voilà le message principal que nous livre la liturgie
d’aujourd’hui; c’est le message que Paul
a livré à Timothée; c’est le message que le Christ livre à ses disciples encore
aujourd’hui, tout particulièrement à ses ministres ordonnés – tenez bon !
En se rattachant aux valeurs et la piété qu’ils ont héritées des
croyants qui les ont précédés, les disciples d’aujourd’hui, tout comme
Timothée, n’ont pas à craindre de se retrouver dépourvus. Parmi les nombreuses
ressources à notre disposition, nous retrouvons d’abord la lecture et la méditation des Écritures
Saintes, ces textes inspirés de Dieu qui peuvent nous servir dans notre
enseignement, dans notre travail de formation, dans nos démarches de
discernement et notre rigueur spirituelle.
Paul invite Timothée à continuer l’œuvre d’évangélisation :
‘’proclame la parole, insiste à temps et à contretemps. ‘’ Parfois notre
ministère nous demande d’utiliser une approche positive, parfois c’est le
contraire…’proclame, réfute, encourage, exhorte, avec une patience inlassable
et le souci d’instruire, dit Paul à Timothée. ‘
Le messager de Dieu doit donc se doter d’une très grande
patience…dans son Évangile, Jésus nous dit qu’il s’agit là d’un des grands
attributs de Dieu. Le pape François met beaucoup d’accent sur la miséricorde de
Dieu; il en a même fait le thème de cette année jubilaire qui commencera en la
solennité de l’Immaculée Conception, le 8 décembre 2015. Au cours de votre
ministère, chers frères, soyez toujours prêts à manifester la miséricorde de
Dieu à ceux et celles qui s’approcheront de vous pour recevoir la sagesse de
Dieu, surtout dans la confession.
Paul utilise des images fortes pour parler de sa mort qui
approche : Je suis déjà répandu en
libation (Paul se compare au vin qui est répandu sur l’autel lors des
rituels juifs). ‘ Le temps de mon départ
est venu’ évoque la levée du campement ou le lancement au large du bateau
amarré au quai - deux façons d’exprimer comment on voyait la mort dans
l’antiquité.
Paul parle également de ce qu’il a pu accomplir, non pas de ses
propres forces, mais avec l’aide de Dieu
(‘ Le Seigneur m’a assisté et m’a
rempli de force’ (2 TM 4, 17).
Paul termine ensuite son testament spirituel de cette façon, en se
comparant à un athlète : ‘ J’ai
combattu jusqu’au bout le bon combat, j’ai achevé ma course, j’ai gardé la foi.’
Il ne lui restait plus qu’à accepter la grande récompense que Dieu
accorde à ceux et celles qui ont accueilli son amour et ont cherché à faire le
bien : ‘la couronne de justice que
le Seigneur, le juste Juge, donnera ce
Jour-là, le Jour de son retour dans la gloire’.
Voilà quel est le rôle de la personne ordonnée : faire
resplendir l’amour de Dieu parmi la
communauté des hommes et des femmes dans le monde d’aujourd’hui, tout comme
saint Antoine et saint Paul l’ont fait en leur temps. Cela est vrai autant pour
les diacres, les prêtres ou les évêques. Le rôle du berger est d’être avec ses
brebis, parfois devant eux pour indiquer la route, parfois derrière eux pour
aider ceux qui sont restés en arrière; dans tous les cas, il prendra l’odeur de
ses moutons à force de les bien connaître.
Durant leurs années de formation au séminaire, nos ordonnands ont
consacré beaucoup de temps à la prière, à l’étude, à la réflexion; ils ont eu
l’occasion de proposer la foi de l’Église à plusieurs personnes qu’ils ont
rencontré…ils continueront à faire de même une fois ordonnés prêtres.
Nos frères Jacques et Alexandre sont sur le point d’être ordonnés
prêtres. Prenons quelques moments pour nous rappeler la nature et le rôle du
prêtre dans l’Église. Le prêtre est au service du Christ, le seul Maître,
Prêtre et Pasteur, par qui le Corps du Christ, son Église, ne cesse de croître
pour former le peuple de Dieu et édifier le Temple de l’Esprit Saint.
Associés au sacerdoce des évêques, les prêtres participent au
sacerdoce du Christ et consacrent leur vie à l’annonce de l’Évangile, à la
formation et à la sanctification du peuple de Dieu, à la célébration de la
liturgie, surtout en offrant le sacrifice du Seigneur. Avec l’aide de Dieu, les
prêtres sont appelés à accomplir leur mission de manière à ce tous puissent
voir en eux de vrais disciples du Christ, de Celui qui est venu non pas pour
être servi, mais pour servir.
Chers frères, dans quelques minutes, vous serez ordonnés prêtres.
Vous enseignerez au nom de Dieu, l’unique Maître; vous proclamerez sa Parole,
cette même Parole que vous
avez-vous-mêmes accueillie avec joie. Vous méditerez et obéirez les
commandements et la loi de Dieu. En méditant les Écritures, vous croirez ce que vous lirez ; vous enseignerez ce que
vous croirez, et vivrez ce que vous enseignez.
Veillez toujours à faire en sorte que ce que vous enseignerez soit
nourriture pour le peuple de Dieu. Faites en sorte de toujours vous conduire en
hommes saints et justes. Puisse votre exemple de sainteté dans la conduite de
votre vie apporter une odeur de fraîcheur et de la joie dans la vie des fidèles
– ainsi par vos paroles et votre exemple vous participerez à la construction de
la maison de Dieu, qu’est son Église.
Vous aurez également à collaborer dans et avec le Christ à la
sanctification du monde. À travers votre ministère, le sacrifice spirituel des
fidèles sera rendu parfait parce qu’uni
au sacrifice du Christ qui, à la messe, s’offrira sacramentellement sur
l’autel par vos mains, en union avec l’ensemble des fidèles – cela, sans qu’il
y ait effusion de sang.
Prenez conscience de la grandeur de ce que vous faites et
conduisez votre vie de manière à ce qu’elle soit toujours conforme à ce que
vous célébrez. En tant que célébrant du mystère de la mort et de la
résurrection du Christ, prenez soin de faire mourir en vous tout penchant
mauvais, et de cheminer vers la vie
nouvelle.
Souvenez-vous, lorsque vous ferez entrer d’autres personnes dans
le peuple de Dieu par le baptême; lorsque vous remettrez les péchés au nom du
Christ et de l’Église dans le sacrement de la Réconciliation; lorsque vous
apporterez réconfort et force aux malades et mourants par l’onction avec l’huile sainte;
lorsque vous célébrerez la liturgie; lorsque
vous offrirez louange et action de grâce au Seigneur dans la prière tout au
long de la journée – non seulement pour le peuple de Dieu, mais aussi pour le
monde entier-, souvenez-vous toujours que vous avez été choisis d’entre les hommes
pour les servir dans leurs relations avec Dieu.
Exercez donc la charge du Christ Prêtre avec une joie inaltérable
et un amour sincère, en ne vous préoccupant pas de vos affaires personnelles
mais de celles du Christ.
En accomplissant votre mission, sachez que vous pourrez toujours
compter sur le soutien des anges et des saints, de vos saints patrons, et
surtout de la bienheureuse Vierge Marie. Rapprochez-vous de celle qui porte le
titre de Notre Dame de Guadalupe, Patronne des Amériques et Étoile de la
Nouvelle évangélisation.
Finalement, chers frères, unis à votre évêque et sous son
autorité, appliquez-vous, en agissant au
nom du Christ, Maître et Pasteur, à rassembler les fidèles dans l’unité d’une
seule famille, pour les conduire, par le Christ et dans l’Esprit Saint, à Dieu
le Père. Et surtout, gardez toujours dans votre mémoire l’exemple du Bon
Pasteur qui n’est pas venu pour être servi, mais pour servir, pour chercher et
mener au salut ce qui était perdu.
[Photos: Jacinthe Soulard
Photographie]
I received the sacrament of Penance and the Holy Eucharist from Fr. Breton in Ottawa, after years of avoiding Penance. The Sacrament was LIFE CHANGING in a way that seemed impossible before. I am awed by the power of this. Thank you for the ordination of such a valuable and faithful priest.
ReplyDelete