Fête du Cœur Immaculée de Marie, 4 juin 2016
Couvent Dominicain/Paroisse Saint-Jean Baptiste—Ottawa,
ON
LA VIE
DOMINICAINE ET LE SACERDOCE
[Textes: 1 Pierre 4, 7-11 [Psaume 115 (116)]; Luc 2, 41-51]
Chers frères et sœurs dans le Christ,
Cette ordination a lieu le jour où nous faisons
mémoire du Cœur Immaculé de Marie, elle qui est au centre de la vie spirituelle
du prêtre et des Dominicains. L’évangile que nous venons d’entendre, nous raconte
comment Marie et Joseph, les parents de Jésus, ont retrouvé leur enfant dans le
Temple de Jérusalem. Ce passage des Écritures nous fait voir comment Marie fut
(et demeure) à la fois une mère engagée et contemplative. Après avoir participé
aux recherches, après avoir trouvé son Fils et l’avoir interrogé sur sa
conduite, elle se mit à réfléchir à tout ce qui venait d’arriver. Elle méditait
dans son cœur tout ce que Dieu accomplissait en son Fils et par lui.
La réponse de Marie à l’ange venu lui annoncer
la naissance prochaine de Jésus – ‘‘Voici la servante du Seigneur ; que tout se
fasse selon ta parole’’ – témoigne de son engagement à toujours obéir à la
volonté de Dieu. Malgré cela, Marie ne put s’empêcher de se poser des
questions, sur ce que la Providence lui
réservait, à elle et à son Fils. Il en est un peu de même pour nous tous qui
cherchons à vivre notre vocation de disciples du Christ – et tout
particulièrement pour vous qui faites partie de l’Ordre des dominicains. Dans
sa première épître, Pierre invite les chrétiens à démontrer par leurs
comportements le changement apporté dans leur vie par l’Évangile du
Christ : hospitalité, intendance, prière et prédication – des éléments
essentiels à la vie communautaire de l’Ordre des frères prêcheurs.
Didier, cet homme, membre de votre famille et
votre ami, sera, dans quelques instants, ordonné prêtre. Ce qui est
particulier, c’est que le frère Didier n’exercera probablement pas son
ministère de prêtre dans le contexte habituel des paroisses ou des communautés
de fidèles. Il se mettra au service de l’Église par son engagement dans
l’enseignement, la recherche et la pratique de la spiritualité dominicaine.
L’approfondissement des connaissances et la
recherche constante de la vérité, lorsqu’accomplis avec humilité et un profond
respect pour l’autorité de l’Église, constituent un grand service pour le
peuple de Dieu. Saint Dominique collabora très étroitement avec son évêque
Diego d’Osma. Les dominicains se
méritèrent le surnom de Domini canes (les chiens de Dieu), les
chercheurs d’erreurs, les gardiens de l’orthodoxie.
Les études sont importantes pour l’Ordre des
Prêcheurs parce dès le début saint Dominique dû se confronter à des hérétiques.
Les albigeois et les cathares avaient fait fausse route parce qu’ils n’avaient
pas une bonne connaissance du véritable enseignement de l’Église. Les études
apportent un grand service à l’Église. Enseigner la vérité; devenir pour ainsi
dire l’intelligence de l’Église; aider les fidèles à bien comprendre les
enseignements de l’Église et le pourquoi des choses, est très important pour la
vie de l’Église et le salut du monde. Voilà la route qu’emprunte le Dominicain
– le prêtre et le maître – dans son cheminement dans la sainteté. Voilà
comment, avec la grâce de Dieu, il peut aider les autres à faire de même.
Le bon prédicateur est celui qui sait présenter
la sagesse de l’Église au peuple de Dieu, à tous ces fidèles qui voient dans
leurs prêtres des personnes pouvant les
éclairer, les former sur les enseignements de Dieu et de l’Église. Voilà
pourquoi la vocation de prêcheur est si importante. Saint Dominique réussit à
convertir de nombreux hérétiques et à les convaincre de reprendre leur place au
sein de l’Église - dont un bon nombre de femmes qui devinrent par la suite les premières
sœurs dominicaines (J’ai appris, il y a quelque temps, que l’Ordre des
Prêcheurs a d’abord été fondé grâce au concours de ces religieuses - des femmes
cathares qui se sont converties et qui sont revenues à la foi catholique).
Un Dominicain n’étudie pas dans le but de faire
partie de la classe des intellectuels; son but est de mieux servir l’Église.
Étudier, c’est se rendre capable de confronter les défis que présentent les
idéologies du monde contemporains : athéisme, sécularisme, hédonisme…ce
que plusieurs appellent la naissance d’un nouveau paganisme ou néo-paganisme.
Les dominicains ne doivent pas compromettre (changer ou diluer) les
enseignements du Christ. Rappelons-nous quelle était la mission de saint
Dominique : la Veritas, chercher
et proclamer la Vérité, être au service de la Vérité.
Quel est donc l’objectif de la prédication ?
Sans doute le même que celui que poursuivait Jésus lui-même : amener les
pécheurs à se convertir, à confesser leurs péchés et à recevoir son corps et
son sang …car c’est seulement en communiant et en accueillant le Seigneur
présent dans l’Eucharistie que nous pouvons entrer en cette vie éternelle que
le Christ a promis à ceux et celles qui suivent son enseignement.
Voilà quelle est la mission des dominicains.
Rien de moins. Un dominicain ne renoncerait pas à former une famille – à avoir
femme et enfants- n’accepterait pas d’aller vivre en communauté avec d’autres
hommes, si ce n’était pour se mettre au service d’un bien qui transcende tout
ce qui existe dans cette vie et dans ce monde. Il le fait pour se mettre au
service de la Vérité et cette Vérité c’est l’Évangile du Christ, la Bonne
Nouvelle que l’Église proclame pour le salut des âmes. Ceci est en lien avec le
thème que vous avez choisi pour marquer cette année jubilaire de votre
fondation par le pape Honorius III en 1216 ‘Envoyés pour prêcher l’Évangile,
pour le salut des âmes’.
La spiritualité dominicaine repose sur un bon
nombre d’éléments : la prière, l’étude, la prédication et la vie commune.
Prier, cela veut dire se mettre en présence de Dieu; passer du temps seul en
méditation, en contemplation; participer à la célébration solennelle et commune
de la liturgie. Prier ensemble avec les autres est créateur d’unité entre les membres de l’Ordre et avec
la grande famille de l’Église – ayant le Christ en son centre. La prière
personnelle favorise la création de liens personnels avec le Christ, permet
d’entrer en relation intime avec Dieu. Voilà en quoi consiste la vie
contemplative des dominicains.
La récitation du Rosaire fait également partie
de la spiritualité des dominicains. En effet, ceux-ci ont une dévotion toute
filiale pour Marie. Si un prêtre ne prie pas régulièrement, chaque jour, en
privé, que pourra-t-il donner en nourriture dans sa prédication ? Seulement des
mots vides de sens. Les paroles nourrissantes, l’enseignement véritable, ne
peuvent jaillir que de la prière car la prière permet d’entrer en communion
avec Dieu, à travers son Fils, la Vierge Marie et tous les saints et saintes.
On ne doit pas simplement ajouter Marie à notre
vie de prière. La Mère de Dieu doit faire partie de notre prière quotidienne.
Marie est notre Mère. Jésus nous a fait don de sa Mère au moment où il allait
mourir sur la croix.
La prière nous amène à vouloir célébrer les
sacrements, tout particulièrement les sacrements que le prêtre religieux est
appelé à célébrer le plus souvent : l’eucharistie et la réconciliation.
La participation aux sacrements constitue une
partie essentielle de la vie des prêtres religieux.
Chers frères, je vous invite à prendre les
saints en exemple, surtout les nombreux saints qui ont fait partie de votre
Ordre. Si vous êtes attirés par saint Thomas que ce soit davantage par son
humilité que par son intelligence. Si vous avez une admiration toute particulière
envers saint Dominique, que ce soit d’abord à cause de son amour de l’Église,
sa dévotion et son ardeur à célébrer les sacrements, son amour de la Vérité.
N’est-il pas le modèle par excellence de la vie dominicaine ?
Et vous, mon fils bien-aimé, qui allez être admis à l’ordre de la prêtrise,
vous aurez à remplir, pour la part qui vous revient,
la charge sacrée d’enseigner dans le Christ, notre Maître. Communiquez à tous la parole de Dieu que vous
avez vous-mêmes reçue avec joie. En
méditant la loi du Seigneur, croyez ce que vous lirez, enseignez ce que vous
croirez, conformez-vous à ce que vous enseignerez.
Que votre enseignement soit une nourriture pour le peuple de Dieu et votre
vie, « bonne odeur du Christ », une source de joie pour les fidèles du
Christ, enfin que, par la parole et par l’exemple, vous construisiez la demeure
qui est l’Église de Dieu.
Vous aurez aussi à remplir, dans le Christ, la charge de
sanctification. Par votre ministère, en
effet, s’accomplira le sacrifice spirituel des fidèles, uni au sacrifice du
Christ : avec eux et par vos mains, il sera offert sur l’autel de manière
non sanglante dans la célébration des mystères. Ayez donc conscience de ce que vous faites;
imitez dans votre vie ce que vous accomplissez dans les rites: en célébrant le
mystère de la mort et de la résurrection du Seigneur, efforcez-vous de faire
mourir en vous tout penchant au mal, et d’avancer sur le
chemin de la vie nouvelle.