Basilique-cathédrale
Notre Dame d’Ottawa
Cinquième dimanche de Pâques (Année “C”)—le 24
avril 2016
DIEU OUVRE CONSTAMMENT DES PORTES DE FOI
ET D’AMOUR
[Textes : Actes 14, 21b-27 [Psaume 145]; Apocalypse 21, 1-5a; Jean
13, 31-33a.34-35]
Une
expression bien connue dit que Dieu ne ferme jamais une porte sans en ouvrir une
autre. J’ignore l’origine de cet adage, mais je sais que son but est de nous
donner espoir.
Cette
porte que Dieu ouvre afin d’apporter joie et confiance aux chrétiennes et
chrétiens est justement le thème de la liturgie d’aujourd’hui. C’est aussi le
thème de la récente Exhortation apostolique du pape François Amoris Laetitia.
La
toute première phrase qui ouvre cette exhortation résume bien ce thème :
« La joie de l’amour qui est vécue dans les
familles est aussi la joie de l’Église. » N’est-ce pas la raison qui nous
rassemble aujourd’hui alors que nous célébrons cette messe d’action de grâce
pour vos mariages établi, fondé sur le Christ et qui ont duré de cinq à
soixante-dix ans ?
Chers
couples, nous sommes ici afin de partager votre joie et votre bonheur non
seulement avec votre famille, mais avec la grande famille de cette communauté de
foi qu’est l’Église.
La
première lecture tirée des Actes des apôtres nous rapporte la fin de ce premier
voyage missionnaire de l’Église d’Antioche (13, 1–14, 28). L’évangéliste Luc
résume ce qui fut accompli par le ministère de Paul et de Barnabé durant ce
premier voyage d’évangélisation— « tout ce que
Dieu avait fait avec eux » — en ces mots, « Dieu avait ouvert aux
nations païennes la porte de la foi. »
Envoyés
en mission par l’Esprit-Saint, Barnabé et Paul allèrent à Chypre, terre natale
de Barnabé, puis dans la province d’Asie Mineure. À leur arrivée dans cette
région qui, aujourd’hui, est la partie sud-ouest de la Turquie, le rôle de Paul
prit plus d’importance. Voilà pourquoi son nom est toujours mentionné avant
celui de Barnabé.
Ils
se rendirent dans les villes d’Iconium, de Lystre et de Derbé, convertissant
plusieurs personnes à cette croyance que Jésus était le Messie. Les nouveaux
croyants provenaient de juifs et de prosélytes, des gentils qui croyaient en
Dieu et, qui, quoiqu’ouverts au Judaïsme, n’avaient pas adhéré complètement à
celui-ci pour des raisons familiales ou sociales.
Les
juifs et prosélytes qui fréquentaient la synagogue étaient ancrés dans l’étude
des Écritures. Ceci pourrait expliquer pourquoi les apôtres arrivaient à
trouver aussi rapidement des leaders pour la communauté de foi.
Les
juifs qui habitaient à l’extérieur de la Terre sainte s’attendaient à la venue
du Messie. L’Esprit-Saint avait conduit certains de ceux-ci, suite à la
prédication de Paul, lui qui avait été un persécuteur de l’Église, à la
conviction que Jésus avait été ressuscité des morts et qu’il était bien l’élu
de Dieu, celui qui avait été oint. La vie et le ministère de Jésus, remis en
question par la crucifixion, étaient affirmés par sa résurrection.
La
souffrance que connaissaient les nouveaux baptisés, à cause de leur foi en
Jésus comme Messie était vue comme faisant partie de la volonté de Dieu à leur
égard : « Il nous faut passer par bien des épreuves pour entrer dans
le royaume de Dieu. » Les couples qui, de temps à autre, ont de la
difficulté à demeurer des partenaires aimants et fidèles et qui ont à gérer les
aspirations et les besoins de leurs enfants sont probablement d’accord pour
dire qu’afin d’éviter de devenir amers, la croix est une partie intégrante de
leur croissance dans le Christ.
Que
le texte de l’Apocalypse tombe bien aujourd’hui ! On y présente le ciel comme
ce banquet de la noce où le Christ, l’Agneau de Dieu ressuscité et triomphant,
est le marié et, nous, l’Église, comme son épouse.
Le
livre de l’Apocalypse de Jean, le voyant de Patmos, s’ouvre avec le regard de
Jean sur le monde à venir et cette invitation à traverser un seuil céleste,
« J’eus ensuite une autre vision et je vis une porte ouverte dans le ciel. »
— voilà cette image de la porte qui revient.
À
la fin des temps ou à la fin du monde, quand le plan de salut de Dieu sera
pleinement accompli, Dieu résidera en proche intimité avec son peuple. Il n’y
aura plus de pleurs, de douleur ou de larmes. Même si la vie sur terre
ressemble parfois à une vallée de larmes, au ciel, Dieu essuiera toute larme de
nos yeux. Ce sera alors la réalisation de la nouvelle création et Dieu
dira : « Voici que je fais toutes choses nouvelles. »
Le
pape François dans son très beau traité sur l’amour dans la famille et dans le
couple affirme ceci : « le Christ Seigneur “vient à la rencontre des époux chrétiens dans le
sacrement du mariage” et demeure avec eux. »
« Le
sacrement de mariage n’est pas une convention sociale, un rite vide ni le
simple signe extérieur d’un engagement. », dit-il mais plutôt que les
époux « représentent réellement, par le signe sacramentel, le rapport du
Christ à son Église » et sont un rappel de l’alliance scellée par le sang
de Jésus.
Alors
qu’aujourd’hui, certains sont tentés d’aller vers la cohabitation et la
maternité/paternité hors du mariage, le pape François leur lance le défi de
décider de se marier. Il met beaucoup d’emphase sur les « paroles de
consentement » ajoutant que « Ces paroles donnent un sens à la sexualité, et la
libèrent de toute ambiguïté. »
Une
décision libre et publique en faveur du mariage contraste grandement avec des
décisions privées, parfois discutées à la hâte ou prises à cause de contraintes
économiques, en faveur de l’union de fait.
Le
Pape semble dire qu’il faut apprendre de nos grands-parents ou, s’il était ici
avec nous aujourd’hui, il nous dirait d’apprendre de tous ces couples qui
célèbrent des décennies de vie conjugale : « S’engager avec l’autre de manière exclusive et
définitive comporte toujours une part de risque et de pari audacieux. Le refus
d’assumer cet engagement est égoïste, intéressé, mesquin, il s’éternise dans la
reconnaissance des droits de l’autre et n’en finit pas de le présenter à la
société comme digne d’être aimé inconditionnellement. »
Dans
l’évangile d’aujourd’hui, tiré du message de Jésus lors du dernier repas, la
veille de sa mort, Jésus révèle tout ce qui est le plus cher à son cœur. Jean
dit que Jésus : « avait toujours aimé les siens qui étaient dans le
monde » et qu’il les aima « jusqu’à la fin » ou une meilleure
traduction serait « complètement ».
Finalement, nous voyons bien que
l’amour est la porte qui permet de comprendre pleinement le sacrifice que Jésus
fait de lui-même et que nous célébrons en cette messe d’action de grâce pour
vous chers jubilaires. Que Dieu vous bénisse aujourd’hui et tout au long de
votre vie ensemble !