Tuesday, June 14, 2016

ORDINATION PRESBYTERALE : Le frère Didier Caenepeel, O.P.

Fête du Cœur Immaculée de Marie, 4 juin 2016
Couvent Dominicain/Paroisse Saint-Jean Baptiste—Ottawa, ON


LA VIE DOMINICAINE ET LE SACERDOCE
[Textes: 1 Pierre 4, 7-11 [Psaume 115 (116)]; Luc 2, 41-51]

Chers frères et sœurs dans le Christ,

Cette ordination a lieu le jour où nous faisons mémoire du Cœur Immaculé de Marie, elle qui est au centre de la vie spirituelle du prêtre et des Dominicains. L’évangile que nous venons d’entendre, nous raconte comment Marie et Joseph, les parents de Jésus, ont retrouvé leur enfant dans le Temple de Jérusalem. Ce passage des Écritures nous fait voir comment Marie fut (et demeure) à la fois une mère engagée et contemplative. Après avoir participé aux recherches, après avoir trouvé son Fils et l’avoir interrogé sur sa conduite, elle se mit à réfléchir à tout ce qui venait d’arriver. Elle méditait dans son cœur tout ce que Dieu accomplissait en son Fils et par lui. 

La réponse de Marie à l’ange venu lui annoncer la naissance prochaine de Jésus – ‘‘Voici la servante du Seigneur ; que tout se fasse selon ta parole’’ – témoigne de son engagement à toujours obéir à la volonté de Dieu. Malgré cela, Marie ne put s’empêcher de se poser des questions,  sur ce que la Providence lui réservait, à elle et à son Fils. Il en est un peu de même pour nous tous qui cherchons à vivre notre vocation de disciples du Christ – et tout particulièrement pour vous qui faites partie de l’Ordre des dominicains. Dans sa première épître, Pierre invite les chrétiens à démontrer par leurs comportements le changement apporté dans leur vie par l’Évangile du Christ : hospitalité, intendance, prière et prédication – des éléments essentiels à la vie communautaire de l’Ordre des frères prêcheurs.

Didier, cet homme, membre de votre famille et votre ami, sera, dans quelques instants, ordonné prêtre. Ce qui est particulier, c’est que le frère Didier n’exercera probablement pas son ministère de prêtre dans le contexte habituel des paroisses ou des communautés de fidèles. Il se mettra au service de l’Église par son engagement dans l’enseignement, la recherche et la pratique de la spiritualité dominicaine.


L’approfondissement des connaissances et la recherche constante de la vérité, lorsqu’accomplis avec humilité et un profond respect pour l’autorité de l’Église, constituent un grand service pour le peuple de Dieu. Saint Dominique collabora très étroitement avec son évêque Diego d’Osma.  Les dominicains se méritèrent le surnom de  Domini canes (les chiens de Dieu), les chercheurs d’erreurs, les gardiens de l’orthodoxie.


Les études sont importantes pour l’Ordre des Prêcheurs parce dès le début saint Dominique dû se confronter à des hérétiques. Les albigeois et les cathares avaient fait fausse route parce qu’ils n’avaient pas une bonne connaissance du véritable enseignement de l’Église. Les études apportent un grand service à l’Église. Enseigner la vérité; devenir pour ainsi dire l’intelligence de l’Église; aider les fidèles à bien comprendre les enseignements de l’Église et le pourquoi des choses, est très important pour la vie de l’Église et le salut du monde. Voilà la route qu’emprunte le Dominicain – le prêtre et le maître – dans son cheminement dans la sainteté. Voilà comment, avec la grâce de Dieu, il peut aider les autres à faire de même.

Le bon prédicateur est celui qui sait présenter la sagesse de l’Église au peuple de Dieu, à tous ces fidèles qui voient dans leurs prêtres des personnes  pouvant les éclairer, les former sur les enseignements de Dieu et de l’Église. Voilà pourquoi la vocation de prêcheur est si importante. Saint Dominique réussit à convertir de nombreux hérétiques et à les convaincre de reprendre leur place au sein de l’Église - dont un bon nombre de femmes qui devinrent par la suite les premières sœurs dominicaines (J’ai appris, il y a quelque temps, que l’Ordre des Prêcheurs a d’abord été fondé grâce au concours de ces religieuses - des femmes cathares qui se sont converties et qui sont revenues à la foi catholique).


Un Dominicain n’étudie pas dans le but de faire partie de la classe des intellectuels; son but est de mieux servir l’Église. Étudier, c’est se rendre capable de confronter les défis que présentent les idéologies du monde contemporains : athéisme, sécularisme, hédonisme…ce que plusieurs appellent la naissance d’un nouveau paganisme ou néo-paganisme. Les dominicains ne doivent pas compromettre (changer ou diluer) les enseignements du Christ. Rappelons-nous quelle était la mission de saint Dominique : la Veritas, chercher et proclamer la Vérité, être au service de la Vérité.

Quel est donc l’objectif de la prédication ? Sans doute le même que celui que poursuivait Jésus lui-même : amener les pécheurs à se convertir, à confesser leurs péchés et à recevoir son corps et son sang …car c’est seulement en communiant et en accueillant le Seigneur présent dans l’Eucharistie que nous pouvons entrer en cette vie éternelle que le Christ a promis à ceux et celles qui suivent son enseignement.


Voilà quelle est la mission des dominicains. Rien de moins. Un dominicain ne renoncerait pas à former une famille – à avoir femme et enfants- n’accepterait pas d’aller vivre en communauté avec d’autres hommes, si ce n’était pour se mettre au service d’un bien qui transcende tout ce qui existe dans cette vie et dans ce monde. Il le fait pour se mettre au service de la Vérité et cette Vérité c’est l’Évangile du Christ, la Bonne Nouvelle que l’Église proclame pour le salut des âmes. Ceci est en lien avec le thème que vous avez choisi pour marquer cette année jubilaire de votre fondation par le pape Honorius III en 1216 ‘Envoyés pour prêcher l’Évangile, pour le salut des âmes’.

La spiritualité dominicaine repose sur un bon nombre d’éléments : la prière, l’étude, la prédication et la vie commune. Prier, cela veut dire se mettre en présence de Dieu; passer du temps seul en méditation, en contemplation; participer à la célébration solennelle et commune de la liturgie. Prier ensemble avec les autres est créateur  d’unité entre les membres de l’Ordre et avec la grande famille de l’Église – ayant le Christ en son centre. La prière personnelle favorise la création de liens personnels avec le Christ, permet d’entrer en relation intime avec Dieu. Voilà en quoi consiste la vie contemplative des  dominicains.


La récitation du Rosaire fait également partie de la spiritualité des dominicains. En effet, ceux-ci ont une dévotion toute filiale pour Marie. Si un prêtre ne prie pas régulièrement, chaque jour, en privé, que pourra-t-il donner en nourriture dans sa prédication ? Seulement des mots vides de sens. Les paroles nourrissantes, l’enseignement véritable, ne peuvent jaillir que de la prière car la prière permet d’entrer en communion avec Dieu, à travers son Fils, la Vierge Marie et tous les saints et saintes.

On ne doit pas simplement ajouter Marie à notre vie de prière. La Mère de Dieu doit faire partie de notre prière quotidienne. Marie est notre Mère. Jésus nous a fait don de sa Mère au moment où il allait mourir sur la croix.

La prière nous amène à vouloir célébrer les sacrements, tout particulièrement les sacrements que le prêtre religieux est appelé à célébrer le plus souvent : l’eucharistie et la réconciliation.

La participation aux sacrements constitue une partie essentielle de la vie des prêtres religieux.


Chers frères, je vous invite à prendre les saints en exemple, surtout les nombreux saints qui ont fait partie de votre Ordre. Si vous êtes attirés par saint Thomas que ce soit davantage par son humilité que par son intelligence. Si vous avez une admiration toute particulière envers saint Dominique, que ce soit d’abord à cause de son amour de l’Église, sa dévotion et son ardeur à célébrer les sacrements, son amour de la Vérité. N’est-il pas le modèle par excellence de la vie dominicaine ?

Et vous, mon fils bien-aimé, qui allez être admis à l’ordre de la prêtrise, vous aurez à remplir, pour la part qui vous revient, la charge sacrée d’enseigner dans le Christ, notre Maître.  Communiquez à tous la parole de Dieu que vous avez vous-mêmes reçue avec joie.  En méditant la loi du Seigneur, croyez ce que vous lirez, enseignez ce que vous croirez, conformez-vous à ce que vous enseignerez.


Que votre enseignement soit une nourriture pour le peuple de Dieu et votre vie, « bonne odeur du Christ », une source de joie pour les fidèles du Christ, enfin que, par la parole et par l’exemple, vous construisiez la demeure qui est l’Église de Dieu.

Vous aurez aussi à remplir, dans le Christ, la charge de sanctification.  Par votre ministère, en effet, s’accomplira le sacrifice spirituel des fidèles, uni au sacrifice du Christ : avec eux et par vos mains, il sera offert sur l’autel de manière non sanglante dans la célébration des mystères. Ayez donc conscience de ce que vous faites; imitez dans votre vie ce que vous accomplissez dans les rites: en célébrant le mystère de la mort et de la résurrection du Seigneur, efforcez-vous de faire mourir en vous tout penchant au mal, et davancer sur le chemin de la vie nouvelle.


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