Thursday, July 9, 2015

Festival de la Parole, Édition 2015


Paroisse Saint Joseph, Orléans, ON
Quatorzième dimanche du temps ordinaire (Année « B ») samedi 4 juillet 2015
L’écharde dans la chair de Paul
[Ézékiel 2, 2-5;(Psaume 122(123); 2 Corinthiens 12, 7-10; Marc 6, 1-6]


Aujourd’hui, nous avons porté notre regard sur le baptême. Nous avons vu comment notre baptême a fait de nous des fils et filles de Dieu, des disciples de Jésus, des envoyés de l’Esprit Saint. 

Prendre conscience de ces vérités, reconnaître cette vie nouvelle qui nous a été donnée alors que nous avons été plongés dans la mort et la résurrection du Christ, nous aide, certes, à mieux comprendre la vie, la mission et les enseignements de l’apôtre Paul.

Les enseignements de saint Paul sont à la fois très profond et très complexes. Saint Paul nous rappelle que c’est surtout la grâce de Dieu agissant en nous qui nous rend tels que nous sommes, qui nous rend capable de faire ce que nous faisons. Il y a toujours un risque, parmi les personnes dévotes, de chercher à s’attribuer à elles-mêmes ce que Dieu a accompli et continue d’accomplir dans leur vie. Voilà pourquoi les propos de Paul que nous venons d’entendre dans la seconde lecture sont si importants pour nous tous. Il est important de bien méditer ces paroles et de les faire nôtres.


Quel sens donner à cette souffrance qui afflige Paul, à cette souffrance dont parle saint Paul  vers la fin de sa deuxième épître aux Corinthiens ? Les chrétiens ont cherché réponse à cette question tout au long des siècles. En effet, après avoir parlé des nombreuses grâces que Dieu lui a accordées (un fidèle du Christ, voici quatorze ans, a été emporté jusqu’au troisième ciel)  saint Paul ajoute : pour m’empêcher de me surestimer, j’ai reçu dans ma chair une écharde, un envoyé de Satan qui est là pour me gifler.

Les exégètes - les spécialistes de la Bible- ont interprété les paroles de Paul de diverses façons. Certains ont vu dans l’expression de Paul ‘une écharde dans ma chair’ une référence à un mal corporel (l’épilepsie, la migraine, la malaria, l’ophtalmie ou bégaiement). D’autres ont suggéré qu’il s’agissait peut-être d’une maladie mentale (dépression, désespoir) ou  même spirituelle (une tentation quelconque). D’autres encore ont surtout mis l’accent  sur l’expression ‘envoyé de Satan’  et ont supposé que Paul évoquait ses persécuteurs ou les chrétiens qui le considéraient comme un hérétique.

Quoi qu’il en soit, saint Paul aurait ressenti cette écharde dans sa chair à peu près au moment où il a eu sa vision et a continué jusqu’au moment où il a écrit cette lettre. Peut-être qu’il avait besoin d’être ramené sur terre après son expérience mystique, après ‘son ravissement’. Mais Paul ne voyait pas les choses comme cela. Aussi, il a prié à plusieurs reprises d’être délivré de cette humiliation qui l’empêchait de mener à bien son ministère.  En réponse à sa prière Paul apprit que ce même Dieu qui lui a donné cette expérience spirituelle lui a aussi donné cette écharde.


Paul savait que de nombreux Corinthiens – comme beaucoup d’autres peuples de l’ancien monde et même certains peuples aujourd’hui – s’attendaient à ce que leurs chefs religieux aient des visions et des révélations, preuves de la bénédiction de Dieu. Avec une telle attente, les Corinthiens ne s’attendaient pas à ce que les visionnaires subissent l’humiliation, encore moins une expérience qui peut évoquer la honte de la Croix. 

Paul eut sa vision et sa révélation au troisième ou ciel le plus haut appelé parfois Paradis. Paul ne fit rien pour provoquer une telle expérience mystique. Elle lui fut plutôt donnée par Dieu. Paul ne se permit pas non plus de s’en vanter car il avait  ‘entendu des paroles ineffables, qu’un homme ne doit pas redire (2 Corinthiens 12, 4).

Cette expérience mystique de Paul lui a été donnée entièrement par la grâce de Dieu. L’écharde dans sa chair lui a apporté une autre révélation. En réponse à la prière de Paul, le Seigneur – on pense ici à Jésus – apprit à Paul une profonde leçon : ‘Ma grâce te suffit, car ma puissance donne toute sa mesure dans la faiblesse.’


Paul aurait pu tirer plusieurs leçons de sa souffrance. Si on endure la souffrance avec patience, on peut renforcer son caractère. On peut, en soi-même, trouver les forces qui nous permettent de faire face aux malheurs de la vie. Au lieu de cela, Paul fut invité à regarder au-delà de lui-même et y voir la puissance de Dieu à l’œuvre dans la faiblesse de sa condition humaine.

Ne sachant pas exactement ce qu’était l’écharde dans la chair de Paul, les chrétiens de chaque époque – et chacun de nous – peuvent s’identifier à la misère de Paul  et reconnaître la nécessité du soutien divin lorsqu’ils ont à affronter leur propre expérience d’une ‘écharde dans la chair’ dans leur vie. Ainsi les disciples sont invités à faire leur la parole de Paul : ‘je mettrai plutôt ma fierté dans mes faiblesses, afin que la puissance du Christ fasse en moi sa demeure.’ À tous les âges, la grâce de Dieu nous permet de dire avec Paul : ‘Car, lorsque je suis faible, c’est alors que je suis fort.’

Dans la même veine, l’Évangile de ce jour nous dépeint un Jésus qui se trouvait dans l’impossibilité d’accomplir aucun miracle dans sa propre ville de Nazareth ‘si ce n’est qu’il posa les mains sur quelques malades et les guérit et il s’étonnait du manque de foi des gens de sa ville.’


Jésus déclara que cette expérience a toujours et partout été celle du prophète. ‘Un prophète est estimé partout, excepté dans sa ville natale, sa parenté et sa famille’.

Pour conclure notre Festival de la Parole, demandons la grâce de devenir toujours plus ce que le pape François nous demande d’être des ‘disciples-missionnaires’, des personnes qui apprennent chaque jour de Jésus les vérités du Royaume de Dieu et la nouvelle vie donnée par la résurrection que nous partageons depuis notre baptême. Soyons fiers de répandre cette Bonne Nouvelle autour de nous.

Puisse cette expérience de Paul que nous avons méditée aujourd’hui, nous amener à nous réjouir dans notre faiblesse, et puisse la grâce du Christ nous garder dans la paix et dans la joie ! C’est ce que je vous souhaite à tous et toutes. Amen.


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