Monday, October 10, 2016

VOIR TOUT CE QUE DIEU FAIT ET LUI RENDRE GRÂCE

Messe à la Paroisse de Saint Jovite—St Jovite, Québec
28e dimanche temps ordinaire—année «C» — 9 octobre 2016
 [Textes : 2 Rois 5,14-17; [Psaume 98]; 2 Timothée 2, 8-13; Luc 17, 11-19]


La fête de l’Action de grâce nous invite à réfléchir quant au besoin d’être des personnes reconnaissantes. Dans la quatrième préface pour les jours de semaine en temps ordinaire qui est adressée à Dieu en reconnaissance pour le salut, nous disons ceci : « Tu n’as pas besoin de notre louange et pourtant c’est toi qui nous inspires de te rendre grâce : nos chants n’ajoutent rien à ce que tu es, mais ils nous rapprochent de toi… »

À la lumière de l’évangile d’aujourd’hui, nous pourrions nous demander pourquoi certaines personnes sont incapables d’offrir des remerciements. Est-ce parce qu’elles sont trop tournées vers elles-mêmes ou parce qu’elles croient mériter plus que ce qu’elles reçoivent? Il ne nous revient pas d’en juger. Nous n’avons pas d’indices pouvant expliquer pourquoi certaines personnes, pourtant bénies par la vie, demeurent incapables de s’arrêter afin de rendre grâce pour ce qu’elles ont reçu. Ceci demeure un mystère du cœur humain.

En amorçant son récit évangélique au sujet de la guérison que Jésus offre aux dix lépreux, saint Luc informe ses lecteurs que : « Jésus traversait la région située entre la Samarie et la Galilée ». En mentionnant la Samarie, Jésus retourne à sa thématique du voyage et nous prépare à la révélation que le seul lépreux reconnaissant était un Samaritain. Ainsi, cette histoire du « Samaritain reconnaissant » fait écho au récit antérieur au sujet du « Bon Samaritain ». (10, 25-37).

Dans le sermon qu’il avait livré à Nazareth, Jésus avait fait référence au récit de la guérison de cet étranger, Naaman le Syrien, comme un précédent dans l’histoire du salut qu’est le ministère auprès de proscrits. La guérison de Naaman par le prophète Élisée, tout comme le souci d’Élie pour la veuve de Sarephta, fait office d’élément important dans la conception que Jésus se fait de la proclamation du Royaume.

Les étrangers sont au coeur du ministère de Jésus possiblement parce qu’ils voient Dieu à l’oeuvre d’une façon différente que celle des croyants et croyantes. Voilà pourquoi, après sa guérison, Naaman avait reconnu la nature particulière du Seigneur, le Sauveur d’Israël, alors qu’il déclare : « Il n’y a pas d’autre Dieu, sur toute la terre, que celui d’Israël ».

Les dix hommes lépreux rencontrent Jésus dans une zone limitrophe, notamment à l’entrée du village. Ils s’arrêtèrent « à distance » comme il est prescrit au livre des Nombres (5, 2-3) et dans le Lévitique (13, 45-46). En espérant potentiellement recevoir une aumône, ils s’écrient d’une même voix vers Jésus : « Jésus, maître, prends pitié de nous. »

Luc nous dit qu’« à cette vue » Jésus les dirigera vers les prêtres, car c’est à eux que revenait la responsabilité de déclarer qu’un lépreux n’offrait plus de risque à la santé publique et qu’il pouvait reprendre des relations sociales normales avec les autres.

Sur la parole de Jésus, Dieu a purifié les dix lépreux, mais leur guérison ne fut pas immédiate. Elle s’est accomplie alors qu’ils faisaient route afin de se présenter aux prêtres. On nous informe que l’un d’eux « voyant qu’il était guéri » « revint sur ses pas, en glorifiant Dieu à pleine voix. » Il n’a pas simplement compris qu’il était guéri, mais, aussi, que c’était Dieu qui était à l’oeuvre en Jésus le restaurant ainsi à la santé.

Tout ce qui habitait son coeur à ce moment-là s’est exprimé par le geste qu’il a posé : « Il se jeta face contre terre aux pieds de Jésus en lui rendant grâce. » L’intensité de sa gratitude était extraordinaire.

Jésus est déçu et mentionne que, des dix qui ont été purifiés, « Il ne s’est trouvé parmi eux que cet étranger pour revenir sur ses pas et rendre gloire à Dieu. » Il est le seul à répondre à la bonté de Jésus à leur égard, à cette expression de la grâce de Dieu. Jésus dira que la gratitude de cet homme est une manifestation de sa foi (« … ta foi t’a sauvé »).

Un rapport publié il y a quelques années faisait état du fait que la moitié des Américains plutôt riches que leurs pairs considéraient comme des gens qui connaissaient le succès étaient malheureux. Il serait peut-être opportun que les gens « voient » vraiment —à la manière du Samaritain—la main de Dieu accorder grâces et bénédictions (même leurs propres accomplissements, fruit de leur dur labeur) et d’y répondre avec gratitude, dans la foi.


Alors qu’au Canada, nous célébrons cette fin de semaine la Fête de l’Action de grâce, nous devrions nous demander jusqu’à quel point nous sommes reconnaissants pour les dons et les grâces que nous recevons de Dieu, en Jésus-Christ : dons de santé et de bien-être, les bienfaits que nous connaissons auprès de notre famille, de nos confrères d’école, de nos amis et au travail. Aussi, les grâces reçues de Dieu : le fait d’être créés à son image et à sa ressemblance, notre rédemption en Jésus-Christ et les grâces que nous procure notre vie en Église. 

Lorsque je visite les jeunes dans nos écoles ontariennes, je vois combien nous sommes chanceux de pouvoir encore leur offrir une éducation catholique dans leur langue maternelle, le français. Le défi qui est encore le nôtre est de les appuyer dans une démarche de foi personnelle – un défi qui est encore plus difficile pour vous au Québec depuis que vos écoles ne sont plus confessionnelles. Nous donnons à ce défi le nom de « nouvelle évangélisation », une conversion continue comme nous le rappelle le pape François. Dans un langage imagé, celui-ci nous lance le défi de ne pas voir notre foi comme le glaçage d’un gâteau ou un produit eén vaporisateur tel un désodorisant ou un parfum. Plutôt, nous devons le voir comme étant au cœur même de notre identité de croyant et d’être humain.

Dans la deuxième lecture, nous voyons que la gratitude de Paul envers Dieu demeure solide malgré son incarcération pour la cause de l’Évangile. Paul savait qu’il lui arriverait possiblement de ne pas demeurer fidèle, mais pas le Christ Jésus (« Lui reste fidèle à sa parole, car il ne peut se rejeter lui-même »). À cause de la fidélité du Christ, nous ne devons pas craindre ce qui doit venir, mais, plutôt, nous devons, dans la reconnaissance et la louange, demeurer confiants dans l’avenir.


Je remercie Mgr Lortie, le curé Jorge Duran, l'abbC André Desjardins, Mme Jeannette Leonard, présidente de la Fabrique St-Jovite pour leur accueil dans le Diocèse de Mont-Laurier, diocèse qui faisait autrefois partie de mon archidiocèse d’Ottawa. 

Alors que nous poursuivons notre célébration eucharistique, prions les uns pour les autres afin que nous demeurions tous animés par un sentiment d’action de grâce qui nous mènera à partager ce que nous avons reçu avec les autres, y compris notre foi.   


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