Sunday, September 14, 2014

Paroisse St. Jacques, Embrun, ON Messe & Onction d’un nouvel Autel




La Croix glorieuse – le 14 septembre 2014
LE SERPENT DE BRONZE DE MOÏSE 
[Nombres 21, 4-9 [Psaume 77 (78)]; Philippiens 2, 6-11; Jean 3, 13-17]

Origène, que plusieurs considèrent comme ayant été le père de l’exégèse biblique, disait que si, à première vue, le livre des Nombres paraissait moins propre à nourrir la vie spirituelle, il n’en était pas véritablement ainsi, et, dans une série d’homélies, il ne cessa de démontrer que, sous la lettre du texte, se trouvait un sens plus profond.

Le quatrième livre de l’Ancien Testament tire son nom des nombreuses données chiffrées qu’il contient dont celles des deux recensements du peuple d’Israël que l’on retrouve aux chapitres 1 et 26. Son titre hébreu ‘Au Désert’ décrit probablement mieux ce dont il est question: en effet, toute l’histoire qui  est racontée dans le livre des Nombres se passe entre la sortie d’Égypte et l’entrée dans la terre promise–c’est une période difficile, c’est le temps de l’exode. De nos jours, plusieurs communautés religieuses ont l’impression de vivre un temps semblable!

Après la mort d’Aaron, les Israélites contournèrent Édom et Moab afin d’éviter un conflit avec ces deux royaumes. Mais voilà qu’après avoir critiqué Moïse et Aaron, le peuple se mit à récriminer contre Dieu et Moïse : ‘il n’y a ni pain ni eau. Nous sommes dégoûtés de cette nourriture misérable !’ (de cette manne monotone).

La réponse de Dieu devant la rébellion du peuple d’Israël témoigne de sa miséricorde envers le pécheur. Dieu ne ferme pas les yeux au péché;  il est toujours prêt à pardonner. Il offre sa guérison et son salut à tous ceux et celles qui veulent bien les accueillir. Chaque Israélite devait admettre son péché et reconnaître qu’il avait besoin d’être sauvé.
Dans la première lecture que nous venons d’entendre, il nous est rapporté que ‘Moïse fit un serpent de bronze et le dressa au sommet d’un mât. Quand un homme était mordu par un serpent, et qu’il regardait vers le serpent de bronze, il conservait la vie !’ Cette pratique s’apparente à ce que les anthropologues appellent la ‘magie par similitude’ ou ‘la magie sympathique’ qui existait dans les cultures anciennes; il s’agissait d’une croyance en une influence mystique qui pouvait exister entre choses de nature semblable. Ainsi une personne qui souffrait d’un poison pensait pouvoir être guérie en fixant son regard sur une image de la plante ou de l’animal qui lui avait causé son mal.

Dans l’ancien Moyen-Orient, le serpent avait un double symbole : il pouvait représenter à la fois le mal et le désordre qui règne au schéol, et également  la fertilité, la guérison et la vie. Ainsi, les personnes qui refusaient de regarder le serpent de bronze mourraient, tandis que les personnes qui acceptaient de se tourner vers ce moyen que Dieu avait mis à leur disposition pour les sauver, étaient guéries et avaient la vie sauve. Il en fut de même pour la génération des Israélites qui se révoltèrent contre Dieu et qui périrent, tandis que les autres purent entrer dans la terre promise.

L’Évangile de Jean diffère quelque peu des évangiles synoptiques en ce que, à trois reprises, il nous annonce la passion du Christ en ces termes : Le Fils de l’homme doit être élevé (3, 14; 8, 28; 12, 32-34). Il voulait signifier par-là que le Christ sera à la fois élevé sur la Croix et dans la gloire. Pour Jean ces deux événements vont main dans la main; ce sont deux moments d’une même réalité.

Reprenant le texte de l’Ancien Testament ‘ De même que le serpent de bronze fut élevé par Moïse dans le désert’, Jean nous fait comprendre que Jésus a accepté de monter sur la Croix par obéissance à la volonté de son Père, afin de donner la vie éternelle à tous ceux et celles qui croiraient en Lui : ‘’Car Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son fils unique…’’.

Et Jésus de préciser encore davantage : ‘’Car Dieu a envoyé son Fils dans le monde non pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé’’.

Tout comme le serpent élevé sur le mât, la crucifixion du Fils de l’homme représente à la fois le mal que peut provoquer nos péchés et la bonté infinie de Dieu qui accueille avec miséricorde tous ceux et celles qui s’approchent de Lui et qui croient en Lui. Voilà que Dieu triomphe sur le mal et le péché, voilà quelle est la victoire de la Croix.

Nous avons entendu ces passages des Écritures alors que nous sommes à consacrer ce nouvel autel qui représente le Christ, qui représente Celui qui est au cœur de notre vie de foi. Voilà pourquoi les prêtres et les diacres embrassent l’autel au début et à la fin de la messe. En posant ce geste, nous prions le Seigneur de combler de toutes ses grâces tous ceux et celles qui participent à cette célébration eucharistique, à ce mémorial, à ce mystère pascal, et qui, chaque dimanche et parfois plusieurs fois en semaine, peuvent ainsi joindre leur vie au  Christ qui s’est offert en sacrifice pour nous. 
  
C’est ici que nous venons chercher cette nourriture spirituelle dont nous avons besoin pour notre bonheur et pour la vie éternelle. En nous nourrissant au corps et au sang du Christ, nous participons à sa divinité et nous devenons nous-mêmes temples du Seigneur. Fort de la grâce de Dieu, nous pouvons aller porter la Bonne Nouvelle au monde qui nous entoure, agir en fils et filles de Dieu, et devenir de véritables disciples-missionnaires comme le pape François nous le demande.

Cette célébration se déroule alors que, dans l’archidiocèse d’Ottawa, nous sommes à entreprendre une nouvelle année pastorale axée sur la famille. En effet, le thème de notre année pastorale 2014-2015 est : Nous sommes de la famille de Dieu : l’Amour est notre Mission.

Comme vous l’avez sans doute remarqué, ce thème est en lien avec les deux prochains synodes qui porteront sur Les défis pastoraux de la famille dans le contexte de l'évangélisation. Il y aura une Assemblée Générale Extraordinaire du Synode cet automne, en octobre. Le Canada sera représenté par Mgr Paul-André Durocher, archevêque de Gatineau et président de la Conférence des évêques catholiques du Canada. Un deuxième synode, plus large celui-là,  suivra en octobre 2015.

La question que nous devons nous poser aujourd’hui est la suivante : nous rendons nous toujours compte que, malgré – et peut-être au cœur même de nos différences – il y a toujours une unité familiale, un esprit de famille à préserver et que cet esprit de famille est celui de la famille de Dieu ? Le thème de la nouvelle année pastorale de l’archidiocèse s’inspire du texte de Marc (3,35) : Quiconque fait la volonté de Dieu, celui-là est mon frère, ma sœur, ma mère…, des paroles de Jésus qui donnent un sens tout à fait nouveau à ce qu’est la famille – non seulement pour la culture qui prévalait alors dans le monde méditerranéen du temps de Jésus mais partout ailleurs dans le monde, et pour toujours.


Au cours de cette célébration eucharistique demandons à l’Esprit Saint de nous donner la force et la générosité de vivre comme Jésus nous le demande. Demandons à notre saint patron, saint Jacques, le premier à donner sa vie pour le Seigneur,  d’intercéder pour nous tous et de nous aider dans notre mission. Demandons à Marie – celle que nous reconnaissons comme étant femme de l’Eucharistie d’intercéder pour nous. Marie a été comblée de l’Esprit. Elle peut nous servir de modèle alors que nous cherchons  à vivre en bons disciples du Christ dans notre milieu et en notre temps. 

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