La
Croix glorieuse – le 14 septembre 2014
LE SERPENT DE BRONZE DE MOÏSE
[Nombres 21, 4-9 [Psaume 77 (78)]; Philippiens 2, 6-11; Jean 3, 13-17]
LE SERPENT DE BRONZE DE MOÏSE
[Nombres 21, 4-9 [Psaume 77 (78)]; Philippiens 2, 6-11; Jean 3, 13-17]
Origène,
que plusieurs considèrent comme ayant été le père de l’exégèse biblique, disait
que si, à première vue, le livre des Nombres
paraissait moins propre à nourrir la vie spirituelle, il n’en était pas
véritablement ainsi, et, dans une série d’homélies, il ne cessa de démontrer que,
sous la lettre du texte, se trouvait un sens plus profond.
Le
quatrième livre de l’Ancien Testament tire son nom des nombreuses données
chiffrées qu’il contient dont celles des deux recensements du peuple d’Israël
que l’on retrouve aux chapitres 1 et 26. Son titre hébreu ‘Au Désert’ décrit probablement mieux ce dont il est question: en
effet, toute l’histoire qui est racontée
dans le livre des Nombres se passe entre la sortie d’Égypte et l’entrée dans la
terre promise–c’est une période difficile, c’est le temps de l’exode. De nos
jours, plusieurs communautés religieuses ont l’impression de vivre un temps
semblable!
Après
la mort d’Aaron, les Israélites contournèrent Édom et Moab afin d’éviter un
conflit avec ces deux royaumes. Mais voilà qu’après avoir critiqué Moïse et
Aaron, le peuple se mit à récriminer contre Dieu et Moïse : ‘il n’y a ni pain ni eau. Nous sommes
dégoûtés de cette nourriture misérable !’ (de cette manne monotone).
La
réponse de Dieu devant la rébellion du peuple d’Israël témoigne de sa
miséricorde envers le pécheur. Dieu ne ferme pas les yeux au péché; il est toujours prêt à pardonner. Il offre sa
guérison et son salut à tous ceux et celles qui veulent bien les accueillir.
Chaque Israélite devait admettre son péché et reconnaître qu’il avait besoin
d’être sauvé.
Dans
la première lecture que nous venons d’entendre, il nous est rapporté que ‘Moïse fit un serpent de bronze et le dressa
au sommet d’un mât. Quand un homme était mordu par un serpent, et qu’il
regardait vers le serpent de bronze, il conservait la vie !’ Cette pratique s’apparente à ce que
les anthropologues appellent la ‘magie par similitude’ ou ‘la magie sympathique’
qui existait dans les cultures anciennes; il s’agissait d’une croyance en une
influence mystique qui pouvait exister entre choses de nature semblable. Ainsi
une personne qui souffrait d’un poison pensait pouvoir être guérie en fixant
son regard sur une image de la plante ou de l’animal qui lui avait causé son
mal.
Dans
l’ancien Moyen-Orient, le serpent avait un double symbole : il pouvait
représenter à la fois le mal et le désordre qui règne au schéol, et également la fertilité, la guérison et la vie. Ainsi,
les personnes qui refusaient de regarder le serpent de bronze mourraient,
tandis que les personnes qui acceptaient de se tourner vers ce moyen que Dieu
avait mis à leur disposition pour les sauver, étaient guéries et avaient la vie
sauve. Il en fut de même pour la génération des Israélites qui se révoltèrent
contre Dieu et qui périrent, tandis que les autres purent entrer dans la terre
promise.
L’Évangile
de Jean diffère quelque peu des évangiles synoptiques en ce que, à trois
reprises, il nous annonce la passion du Christ en ces termes : Le Fils de l’homme doit être élevé (3,
14; 8, 28; 12, 32-34). Il voulait signifier par-là que le Christ sera à la fois
élevé sur la Croix et dans la gloire. Pour Jean ces deux événements vont main
dans la main; ce sont deux moments d’une même réalité.
Reprenant
le texte de l’Ancien Testament ‘ De même
que le serpent de bronze fut élevé par Moïse dans le désert’, Jean nous
fait comprendre que Jésus a accepté de monter sur la Croix par obéissance à la
volonté de son Père, afin de donner la vie éternelle à tous ceux et celles qui
croiraient en Lui : ‘’Car Dieu a
tant aimé le monde qu’il a donné son fils unique…’’.
Et
Jésus de préciser encore davantage : ‘’Car Dieu a envoyé son Fils dans le monde non pas pour juger le monde,
mais pour que, par lui, le monde soit sauvé’’.
Tout
comme le serpent élevé sur le mât, la crucifixion du Fils de l’homme représente
à la fois le mal que peut provoquer nos péchés et la bonté infinie de Dieu qui
accueille avec miséricorde tous ceux et celles qui s’approchent de Lui et qui croient
en Lui. Voilà que Dieu triomphe sur le mal et le péché, voilà quelle est la
victoire de la Croix.
Nous
avons entendu ces passages des Écritures alors que nous sommes à consacrer ce
nouvel autel qui représente le Christ, qui représente Celui qui est au cœur de
notre vie de foi. Voilà pourquoi les prêtres et les diacres embrassent l’autel
au début et à la fin de la messe. En posant ce geste, nous prions le Seigneur
de combler de toutes ses grâces tous ceux et celles qui participent à cette
célébration eucharistique, à ce mémorial, à ce mystère pascal, et qui, chaque dimanche
et parfois plusieurs fois en semaine, peuvent ainsi joindre leur vie au Christ qui s’est offert en sacrifice pour
nous.
C’est
ici que nous venons chercher cette nourriture spirituelle dont nous avons
besoin pour notre bonheur et pour la vie éternelle. En nous nourrissant au
corps et au sang du Christ, nous participons à sa divinité et nous devenons
nous-mêmes temples du Seigneur. Fort de la grâce de Dieu, nous pouvons aller
porter la Bonne Nouvelle au monde qui nous entoure, agir en fils et filles de
Dieu, et devenir de véritables disciples-missionnaires comme le pape François
nous le demande.
Cette
célébration se déroule alors que, dans l’archidiocèse d’Ottawa, nous sommes à
entreprendre une nouvelle année pastorale axée sur la famille. En effet, le
thème de notre année pastorale 2014-2015 est : Nous sommes de la famille de
Dieu : l’Amour est notre Mission.
Comme vous
l’avez sans doute remarqué, ce thème est en lien avec les deux prochains
synodes qui porteront sur Les défis pastoraux de la famille dans le contexte de
l'évangélisation. Il y aura une Assemblée Générale Extraordinaire du Synode cet automne, en octobre. Le Canada
sera représenté par Mgr Paul-André Durocher, archevêque de Gatineau et
président de la Conférence des évêques catholiques du Canada. Un deuxième
synode, plus large celui-là, suivra en
octobre 2015.
La
question que nous devons nous poser aujourd’hui est la suivante : nous
rendons nous toujours compte que, malgré – et peut-être au cœur même de nos
différences – il y a toujours une unité familiale, un esprit de famille à
préserver et que cet esprit de famille est celui de la famille de Dieu ? Le
thème de la nouvelle année pastorale de l’archidiocèse s’inspire du texte de
Marc (3,35) : Quiconque fait la volonté de Dieu, celui-là est mon frère, ma sœur, ma
mère…, des paroles de Jésus qui donnent un sens tout à fait nouveau à
ce qu’est la famille – non seulement pour la culture qui prévalait alors dans
le monde méditerranéen du temps de Jésus mais partout ailleurs dans le monde,
et pour toujours.
Au cours de cette
célébration eucharistique demandons à l’Esprit Saint de nous donner la force et
la générosité de vivre comme Jésus nous le demande. Demandons à notre saint
patron, saint Jacques, le premier à donner sa vie pour le Seigneur, d’intercéder pour nous tous et de nous aider
dans notre mission. Demandons à Marie – celle que nous reconnaissons comme
étant femme de l’Eucharistie d’intercéder pour nous. Marie a été comblée de
l’Esprit. Elle peut nous servir de modèle alors que nous cherchons à vivre en bons disciples du Christ dans
notre milieu et en notre temps.
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