Monday, October 31, 2016

«Se préparer à vivre une bonne mort»: Ottawa 9e Souper-bénéfice

Allocution de l’Archevêque au 9ième Souper-bénéfice
Ottawa Conference and Event Centre—le 20 octobre 2016


Excellences, Révérends Pères, Chères Sœurs,
Chers membres et amis de l’Archidiocèse d’Ottawa
et amis de ceux et celles qui sont proches de la mort et qui doivent être protégés;

Vendredi saint dernier, lorsque j’ai appris la nouvelle que mon ami John Corston était à l’agonie, je me suis rendu au centre de soins palliatifs où il avait été admis — en compagnie de mon vicaire épiscopal, l’abbé Kerslake — afin d’être avec lui, sa famille et ses amis, en ces derniers moments. Nous étions une trentaine de personnes autour de lui, à prier, à échanger, à nous rappeler de bons souvenirs.

Nous avons entonné quelques cantiques et récité quelques prières. Je lui ai donné l’indulgence plénière. Malgré la peine du départ, nous avions un certain réconfort de remettre notre ami et notre frère dans les mains du Seigneur Jésus, confiants que celui-ci le conduirait à la maison du Père. John est décédé peu de temps après notre départ. Il est décédé entouré des siens, de personnes de foi et soutenu par les sacrements.

John Corston était d’origine ojibway. Il a été le chef fondateur du Kateri Native Ministry d’Ottawa. Le 17 mars 1978, il vécut une profonde conversion alors qu’il participait à un partage sur la parabole de l’enfant prodigue dans une maison de retraite. Jésus lui permit de se libérer de l’alcool sous l’emprise duquel il avait été prisonnier depuis plusieurs années. John a toujours témoigné par après de cette libération et de la joie qu’il vivait avec les membres des peuples autochtones, un peu partout au Canada. Il a été un chrétien exemplaire et une personne remarquable. La bonne mort qu’il lui a été donné de vivre reflétait bien cette réalité.

Si je vous parle de cela, c’est que depuis le 17 juin de cette année, un autre genre de mort a fait son apparition au Canada. Une prétendue « aide médicale à mourir » — qui n’est en fait rien d’autre qu’une assistance au suicide ou l’euthanasie — est devenue légale dans notre pays. Toutefois, une loi de l’État nous permettant de nous enlever la vie ou d’aider une autre personne à le faire ne peut d’aucune façon changer la loi de Dieu qui ne permet pas de telles façons de faire.


L’euthanasie est un acte qui consiste à provoquer délibérément la mort d’autrui, par action ou par omission, sous prétexte de vouloir mettre un terme à sa souffrance. Par « action », on entend une injection létale ou tout autre moyen qui peut causer directement la mort. Par « omission », on entend le refus d’accorder les soins médicaux requis ou de nourrir le malade. Causer, ainsi, la mort, directement et délibérément, est immoral et n’est jamais permis.

Mais comprenons bien. Un patient peut refuser un traitement médical ou l’interrompre si les souffrances qu’il occasionne surpassent les bénéfices qu’il pourrait apporter. Dans un tel cas, le médecin peut respecter la volonté du malade. Une telle décision est moralement acceptable. Le médecin peut, aussi, administrer des médicaments pour soulager la douleur et les souffrances du malade, même si cela devait réduire sa durée de vie. Lorsqu’un médicament est administré dans le but de soulager la douleur, et non dans l’intention de mettre fin à la vie, il n’y a pas de problème moral.

On parle de suicide assisté lorsqu’une personne aide une autre personne à se donner volontairement la mort en lui en fournissant les moyens ou en offrant l’information sur la façon de procéder. Il s’agit d’une collaboration à accomplir un acte qui est objectivement mal en soi, un acte qui est donc immoral.

Certaines personnes maintiennent que l’euthanasie et le suicide assisté sont des gestes de « compassion » en réponse à la souffrance. Ne soyons pas dupes. Ces pratiques entraînent délibérément la mort d'une personne. Ce sont, en réalité, des meurtres.


La vraie compassion nous appelle, au contraire, à entourer nos frères et nos sœurs qui souffrent;  à leur rappeler comment nous les aimons; à leur rappeler combien ils demeurent précieux pour nous et qu’ils ne sont aucunement un fardeau. Même dans ces moments difficiles, la vie demeure un don et conserve tout son sens. Lorsque la mort naturelle approche, le meilleur geste de compassion que nous pouvons poser, en réponse à la douleur et aux souffrances du patient, c’est de lui permettre de recevoir de bons soins palliatifs.

Les soins palliatifs de qualité sont le meilleur moyen d’aider les personnes que nous aimons à la fin de leur vie. Le Centre Bruyère, un des bénéficiaires du souper de ce soir, offre ces soins de manière exemplaire.

Les soins palliatifs comprennent tout un ensemble de moyens – spirituels, médicaux, psychologiques et sociaux – pour soulager les personnes en fin de vie et assurer leur dignité. Ils cherchent à assurer la meilleure qualité de vie possible jusqu’à la mort naturelle.

Pour un chrétien, demander l’euthanasie ou le suicide assisté viendrait en contradiction avec l’appel reçu au baptême. Jeune ou moins jeune, en pleine force de vie ou à l’approche de sa mort, le baptisé peut toujours proclamer « Ce n’est plus moi qui vit, c’est le Christ qui vit en moi (Galates2, 20) ».

L’Église catholique s’engage résolument à honorer et à protéger la vie humaine en tout temps, de la conception à la mort naturelle. C’est pratiquement la devise du groupe Action pour la vie, le deuxième bénéficiaire du souper de ce soir. Dieu est l’auteur de la vie, nous n’en sommes que les intendants. Depuis ses débuts, l’Église s’est opposée au massacre des innocents. À la lecture des Saintes Écritures, saint Justin, martyr, et d’autres comme lui, se sont opposés au suicide et au « meurtre par compassion » d’enfants au début du deuxième siècle, à une époque où cela était permis. Son geste, qui était tout à fait nouveau en son temps, a mené l’État à accorder une protection légale à ces enfants à travers tout l’Empire romain. Pour ce qui est de l’euthanasie et du suicide assisté, le Catéchisme de l’Église catholique est assez clair : « Quels qu’en soient les motifs et les moyens… elles sont moralement irrecevables » (CÉC 2277).

Pour les chrétiens, la mort n’est pas la fin, mais plutôt le début d’une vie nouvelle avec le Ressuscité, avec Dieu lui-même. Le Catéchisme nous enseigne que la destinée qui nous est réservée après la mort de chacun est en fonction de ses œuvres et de sa foi (CÉC 1021).

La sollicitude de l’Église pour ses enfants ne prend pas fin avec la mort. Elle continue d’intercéder pour les défunts et d’offrir son aide aux personnes qui restent. Notre célébration des funérailles comprend ces deux aspects.

En la Basilique-cathédrale St. Mary à Halifax, il y a un beau vitrail représentant la mort de saint Joseph. Marie, son épouse, de même que Jésus, son fils adoptif, sont à ses côtés. On y voit essentiellement une personne croyante qui est sur son lit de mort et qui est entourée de personnes qui l’aiment.

Les aumôniers qui exercent du ministère dans des centres de soins palliatifs parlent souvent de la beauté et de la dignité d’une mort naturelle bien vécue. Des familles se réconcilient, les personnes se rappellent leur amour les unes pour les autres, et, oui, il y a des personnes qui se convertissent. Ces expériences sont bien différentes de la détresse et de la culpabilité qui sont vécues lorsqu’il y a euthanasie ou suicide assisté.


Je vous invite à voir joindre à moi et à renouveler votre engagement à défendre la vie et la dignité de tous et de toutes. Si nous accompagnons les personnes que nous aimons dans leur vieillesse et dans leur fin de vie, les raisons pour lesquelles des personnes demandent l’euthanasie ou le suicide assisté vont disparaître. Donnez-leur la grâce de votre présence, de votre affection, de votre prière, alors qu’elles s’apprêtent à se rendre auprès de notre Créateur et Sauveur.

Friday, October 28, 2016

Sœurs de l’Institut Jeanne d’Arc— Messe départ de la Maison mère

Sœurs de l’Institut Jeanne d’Arc— le 14 octobre 2016

Départ de la Maison mère – 373, avenue Princeton, Ottawa, ON
  
«À vous grâce et paix… Oui sa miséricorde s’étend d’âge en âge»
[1 Corinthiens 1, 3-9 - Psaume 44 - Luc 1, 39-55]

Mes chères sœurs, membres du personnel de la maison, ami(e)s et bienfaiteurs/bienfaitrices de l’Institut Jeanne d’Arc :

En ce jour, je pense aux sentiments qui vous habitent sans doute, vous, les Sœurs de l’Institut Jeanne d’Arc, vous qui appartenez à cette belle communauté fondée ici à Ottawa par Mère Marie-Thomas d’Aquin (née Jeanne-Lydia Branda) alors que nous célébrons ensemble l'Eucharistie d'aujourd'hui. C’est mon prédécesseur, Mgr Charles Hugues Gauthier, qui a érigé canoniquement votre communauté le 7 octobre 1919.

Tristesse d'un départ. Tristesse de quitter un lieu où, jour après jour, durant des dizaines d'années, vous avez donné le meilleur de vous-mêmes auprès de tant de personnes auxquelles vous vous êtes attachées. À cette tristesse, se mêle aussi la joie de savoir que l'œuvre à laquelle vous vous êtes consacrées va se poursuivre autrement. Ces jours-ci, c’est l'action de grâce qui doit dominer. Action de grâce pour ce qui a été vécu et accompli ici, action de grâce pour le moment que nous vivons présentement et action de grâce pour le temps qui vient. Passé, présent et avenir reposent entre les mains de Dieu, invitent à la joie et méritent nos louanges.

Le pape émérite Benoît rappelait que : Marie « sait regarder en profondeur », « elle se laisse interpeler par les événements »  et « acquiert ainsi cette compréhension que seule la foi peut garantir ».

La foi nous permet de vivre en harmonie avec Dieu. Le Dieu auquel Jésus nous demande de nous rallier et d’aimer, n’est pas un Dieu redoutable qu’il faudrait craindre. Il n’est pas l’auteur des maux qui nous accablent. Il est plutôt le compagnon fidèle et discret de notre vie de chaque jour, celui seul qui est capable de redonner, au dernier jour, une force de vie extraordinaire à notre corps qui, malgré la fatigue et l’usure, cherche à vivre encore.

Dans l’évangile aujourd’hui, Marie, vit la joie de la Visitation dans la foi, mais nous le savons, elle devra, plus tard, traverser l’obscurité de la crucifixion de son Fils, avant d’accueillir la lumière de la Résurrection. 

Je cite encore Benoît XVI : « Ce n’est pas différent pour le cheminement de foi de chacun d’entre nous : nous rencontrons des moments de lumière, mais aussi des passages où Dieu semble absent, où son silence pèse dans notre cœur et où sa volonté ne correspond pas à la nôtre, à ce que nous voudrions. Mais plus nous nous ouvrons à Dieu, en accueillant le don de la foi, en mettant toute notre confiance en lui, comme Abraham et Marie, et plus il nous rend capables, par sa présence, de vivre toutes les situations de la vie dans la paix et la certitude de sa fidélité et de son amour. Mais cela signifie sortir de nous-mêmes et de nos projets, pour que la Parole de Dieu soit la lampe qui guide nos pensées et nos actions. »

À l'occasion de ce départ, rendons grâce pour les religieuses qui, depuis votre arrivée ici, ont vécu, prié et accompli tant de belles choses… des petites et des grandes! Rendons grâce pour cet immense travail apostolique réalisé… au service de l’Église et de la société… Alors que nous arrivons bientôt au terme du Jubilé de la miséricorde, rappelons-nous que les œuvres de miséricorde ont été une réalité de tous les jours pour vous!

Aujourd’hui, je profite de cette belle occasion qui m'est offerte pour vous exprimer toute mon estime et celle de l’Église d’ici, et de vous dire merci, une fois de plus, pour votre présence ici et ailleurs. L’archidiocèse d’Ottawa n'oubliera jamais la longue et féconde présence des Sœurs de l’Institut Jeanne d’Arc. Alors que vous quittez votre Maison mère, soyez assurées de notre reconnaissance pour tout ce que vous avez fait. Nous vous aimons beaucoup.  



Vous avez accompli votre mission d'accueillir des jeunes filles, des jeunes femmes, d’ici et de tous les pays, qui venaient étudier ou travailler à Ottawa avec un admirable dévouement et avec beaucoup d’humilité. Vous avez généreusement accueilli et accompagné des religieuses d’ici et d’ailleurs… Vous avez aussi offert un service d'hébergement temporaire à des passantes ou visiteuses. Tout cela est authentiquement évangélique! Dans nos vies, nos rencontres sont enrichissantes. Elles sont source de joie et nous aident à nous tourner vers Dieu.

Dans l’évangile d’aujourd’hui, Marie se rend disponible… « Marie entra dans la maison de Zacharie et salua Élisabeth. Marie resta avec Élisabeth environ trois mois ». Marie ne fait pas seulement une visite de courtoisie, elle prend le temps, elle donne son temps. Sa cousine Élisabeth est sans doute désemparée devant ce qui lui arrive (… à son âge!). De plus, Zacharie, qui n’a pas voulu croire aux paroles de l’ange, est devenu muet. Marie sent sûrement la crainte et la gêne qui se sont installées entre mari et femme. Elle accueille la situation avec respect, elle demeure avec eux, attentive à leur inquiétude mêlée de joie.

C’est bien, à la suite de Marie, ce que vous avez cherché à faire pour les autres ce que vous avez toujours recherché à accomplir entre vous… accueil et service.

La femme la plus importante dans la vie de Jésus a été Marie, sa mère. L'Évangile ne nous dit pas si elle a marché à ses côtés durant sa vie publique, mais elle est toujours demeurée attentive à tout ce qu'il avait besoin pour grandir, enseigner et agir. Elle portait tout dans son cœur et elle est demeurée solidaire de l'enfant qu'elle aimait en toutes circonstances. Au tout début du ministère de Jésus, on ne s'étonne pas de la voir présente à Cana et de voir quelle confiance elle porte en son Fils qu’elle invite à réaliser son premier miracle, signe de la fête éternelle qui nous est promise. On ne s'étonne pas non plus de la voir se tenir au pied de la croix, lorsque l'heure est venue pour son Fils de rendre l'esprit – don pour le salut de l’humanité et signe de son grand amour pour chacun, chacune de nous.




Je mentionnais tantôt que vous avez généreusement accompagné et accueilli des religieuses d’ici et d’ailleurs… et bien c’est maintenant votre tour d'être accueilli par une communauté. D’ici peu, vous vous retrouverez chez les Filles de la Sagesse. La page d’évangile d’aujourd’hui nous montrait Élisabeth qui accueille Marie chez elle… Voilà une mission que vous connaissez  bien…  accueillir et être accueillis… Encore une fois, ce que vous vivez est dans la ligne de l’Évangile.

Chères sœurs, puissiez-vous toujours continuer à vivre en chantant les paroles du Magnificat de Marie. Ne vivez pas dans la nostalgie des jours passés. Continuez de vivre comme vous avez toujours vécu. Vivez convaincues que chaque heure est à remplir d'amour, de joie, d'abandon et d'action de grâce. La Parole de Dieu poursuit son effet sur cette terre et le Royaume de Dieu se bâtit peu à peu. Merci d’y avoir participé de tant de façons. Merci d’y contribuer encore si généreusement!


Friday, October 14, 2016

Homily for the Red Mass—Ottawa St. Thomas More Lawyers’ Guild

Homélie pour la Messe Rouge-Société juridique Saint-Thomas-More
Basilique-cathédrale Notre-Dame, Ottawa, ON – le 13 octobre 2016
[Textes: Éphésiens 1, 1-10; Psaume 97 (98); Luc 1, 47-54]


Dear brothers and sisters in Christ, I greet all who have come to Notre Dame Cathedral on this occasion, particularly you in the legal and political professions who have come today to celebrate this year’s Red Mass.

Chers frères et sœurs dans le Christ, Aujourd’hui, j’aimerais souhaiter la bienvenue à toutes ces personnes, à tous ces professionnels du droit et du monde de la politique qui sont venus célébrer la Messe Rouge avec moi et avec leurs collègues, et accueillir les grâces que leur offre notre Seigneur Jésus Christ.

Les passages des Écritures que nous venons d’entendre sont ceux du jeudi de la 28e semaine du temps ordinaire. Dans l’évangile d’aujourd’hui, notre Seigneur adresse des mots on ne peut plus sévères aux docteurs de la Loi assis à la table avec lui pour n’avoir pas mis la loi au service du peuple, au lieu de leur propre bénéfice. Je ne sais pas si cela peut vous apporter quelque consolation, mais parmi ces « docteurs de la loi » il y avait un bon nombre de leaders religieux. En effet, qui que nous soyons, nous sommes tous et toutes appelés à nous convertir, à changer notre cœur, notre volonté, notre esprit lorsque nous nous sentons sur le point de succomber à la tentation de nous servir nous-mêmes, de servir notre propre intérêt, au lieu de servir le bien des autres, au lieu de servir le bien commun.

Dans la première Lecture, saint Paul nous parle des dons que nous ont valus la passion, la mort et la résurrection du Christ : le pardon de nos fautes et la richesse de sa grâce, afin que nous devenions ce que Dieu voulait que nous soyons depuis avant même la fondation du monde : « des saints, immaculés devant lui, dans l’amour ».

St. Thomas More is the patron saint of attorneys, statesmen and politicians, of which we have a few in our city. This saintly husband, father, lawyer, statesman and man of deep faith men served the church and his sisters and brothers in public office balancing fear of the Lord and service to the state.

In the media we often hear calls for a separation of “church and state,” when important matters touching on ethics and faith are raised in public debate. Many however misunderstand the true meaning of that phrase. In fact, the phrase refers to the separation of the powers of governance so that, for example, the archbishop of Ottawa is not also the mayor of our fine city. On a personal note, I can say I vigorously endorse this separation!

For many, however, “separation of church and state” erroneously means something different. It means disregarding or setting aside our faith and its convictions to prevent those truths from influencing our actions in the public sphere. Underlying this misunderstanding is the curious notion that the public sphere is in some way a ‘neutral space,’ separate from values, faith or personal conviction.

Our faith and values inform our decision-making process and guide us in pursuing the common good for our fellow citizens. In the West, Judaeo-Christian values recognizably form the foundation of much of our legal code: thou shalt not steal, thou shall not bear false witness against thy neighbour and thou shall not kill. These are not idle considerations or holdovers from a pre-enlightenment period in human history. They continue to be the core of what makes a just society. Returning to these core values when we find ourselves confronting new issues is vitally important for all who are engaged in public discourse, law or policy.

To give a current example, we can turn to the straightforward commandment: “Thou shall not kill.” Is this not at the centre of the current debate over euthanasia and assisted suicide? How can we recognize that the death penalty is inhumane on one hand, and then force medical practitioners to euthanize innocent people whose seeming ‘crime’ warranting the ultimate penalty is that they are sick and suffering? They need compassion and accessible palliative care, not coerced doctors or nurses, forced to act against their faith and conscience.

Precisely because we believe much of our legal system has its origin in God’s will for the good of humanity and which is also congruent with the precepts of natural law, discernible by reason, that we have a solid foundation upon which to build a just society.


Saint Thomas More a bien servi le roi Henry VIII jusqu’à ce que le roi lui demande de faire des choses contraires à sa foi, des actions auxquelles il ne pouvait donner suite, parce que contraires aux valeurs qu’il tenait en toute conscience. Thomas More tenta d’abord de se retirer tranquillement de la vie publique lorsqu’il s’aperçut qu’il ne pouvait plus continuer de servir le roi tout en étant fidèle à sa propre conscience. Mais il fut forcé de prendre position – ou bien demeurer fidèle à sa foi, à ses valeurs, ou bien les mettre de côté pour « autres considérations » : pour obtenir des faveurs, de l’avancement, puis, plus tard, pour récupérer sa liberté et sauver sa vie.

 Plusieurs d’entre vous reconnaîtrez certainement les dernières paroles que prononça Thomas More « J’ai été un bon serviteur du roi et de Dieu d’abord. » Il prononça ces paroles juste avant sa mise à mort pour avoir refusé de porter serment et de reconnaître l’Oath of Supremacy du roi Henry VIII. Lorsqu’il s’agit des affaires publiques, les chrétiens ne peuvent mettre de côté leur foi et aller tranquillement leur chemin en faisant « tabula rasa » de toutes leurs valeurs personnelles. 

Thomas More est mort par fidélité à sa foi et à ses principes. Ce ne fut pas un geste grandiose qui allait lui rapporter quoique ce soit en ce monde. Il connaissait quelles seraient les conséquences probables de son refus et il est resté fidèle à lui-même jusqu’à y laisser sa vie. L’année suivante, Anne Boleyn  subit le même sort pour des raisons semblables, pour n’avoir pu combler tous les désirs du chef d’État.

De nos jours, il est important, peut-être plus que jamais, de se rendre compte qu’il est possible de demeurer fidèle à sa foi et d’être un participant actif et efficace dans les affaires publiques, un participant dont les valeurs imprègnent à la foi le discours et les politiques. La rencontre de la raison, de la foi et des valeurs est essentielle à la bonne réflexion et la bonne prise de décisions. C’est la seule façon de faire advenir une société juste et durable. Prétendre que nous pouvons mettre notre foi et nos valeurs de côté afin de paraître au-dessus de tout ça, afin de faire comme si ces considérations ne nous intéressaient pas, comme si nous n’avions pas de valeurs profondes, n’est ni honnête ni fructueux.

Today perhaps more than ever, it is important to recognize that it is indeed possible to be a person of faith and also a legitimate actor in the public sphere whose values temper and inform our public discourse and policy. The congruence between reason, faith and values and public discussion and decision-making is the only way a just society can flourish. Pretending that we can set aside our faith and values so as to act as a disinterested, value- neutral person is neither honest nor fruitful.

I found this prayer on-line on the website of the Thomas More Society in the USA and I would like to end the homily by sharing it with you on behalf of all who practice law, trying in their efforts to craft and maintain a just society for all.  

A Lawyer’s Prayer for St. Thomas More’s Intercession before God

I pray, for the glory of God and in the pursuit of His justice, that I, with You, St. Thomas More, may be trustworthy with confidences, keen in study, accurate in analysis, correct in conclusion, able in argument, loyal to clients, honest with all, courteous to adversaries, ever attentive to conscience. Sit with me at my desk and listen with me to my clients’ tales. Read with me in my library and stand always beside me so that today I shall not, to win a point, lose my soul. Pray for me, and with me, that my family may find in me what your family found in you: friendship and courage, cheerfulness and charity, diligence in duties, counsel in adversity, patience in pain—their good servant, but God’s first. Amen. [© Center for Thomas More Studies; Ecclesiastical approval granted, 2003, + B. Galveston, TX.]


Like St. Thomas More, we may pay a price for personal being true to our faith and values but it is the only foundation upon which to build a truly just society. May St. Thomas More inspire you by his example and aid you with his prayers. 


Thursday, October 13, 2016

The Marriage in Christ of Caitlin Prendergast and Adam Fontebasso

Église St. Jovite, Saint-Jovite, Québec---Saturday, October 8, 2016
[Texts: Song of Songs 5:1–14; Psalm 32(33); 1 Corinthians 12, 31–12.12; Matthew 5.1–12a]


Dear brothers and sisters in Christ, dear friends:

We are gathered here today as the family and friends of Caitlin Prendergast and Adam Fontebasso to help them celebrate the joyous event of their marriage.

Much planning has gone into the expression of this love and today’s celebration. People have given presents, arranged flowers, and prepared a reception. There will be photos, music, and food, reflecting the view even today that marriage is one of the great human institutions.

Jesus chose to describe the kingdom of God—God’s life with us—under the image of a wedding feast. They are both covenants, not contracts. Covenants are unbreakable. Covenants are unconditional. And covenants involve sacrifice.

For Catholics, marriage is more than a social event. It is also a sacrament of God’s grace.

We believers are well aware that marriage these days is a risky enterprise. Christians are still hopeful about the future of those bold enough to enter into the life-long commitment of a marriage that is exclusive and fruitful. We can also count on help from God, Jesus Christ, the Church, family, friends, and neighbours.

And so it is that, as persons of faith, Caitlin and Adam have come to this church. They are asking God’s blessing on the lifelong adventure of marriage that they are entering today. They come to ask you to share with them their joys and sorrows. All this will be part of their life together.

Dear Caitlin and Adam, we come, not as fair-weather friends, but as your committed supporters. We pledge to you our enduring willingness to journey with you and to support you in the days ahead.

Caitlin and Adam were raised in the Christian faith. They proclaim this faith and declare it will be the foundation of their marriage. Their faith perspective on life, sexuality, and the source of true happiness differs from that of society.

In the “beatitudes,” Jesus describes happiness. He proclaims that openness to receiving all from God, which he calls poverty of spirit, is precious. So, too, are peacemaking, gentleness, purity of heart, and the wonderful capacity to accompany people in their needs, as Caitlin and Adam will do in the medical profession. This is what truly makes for happiness.

The reading from the Song of Songs is part of a beautiful love poem sung by one smitten by love. She seeks her beloved until she finds “my fair one.” She then proclaims that love will outlast death.

We pray that God will bless Caitlin and Adam in their marriage and in their children. But married life means sacrifice. They must forgive one another as soon as the inevitable quarrels begin. St. Paul reminds us that love is “kind, not envious or boastful or arrogant and rude. Love does not insist on its own way; it is not irritable or resentful.”

The Catholic Church teaches that it is not the bishop, priest, or deacon who ministers the sacrament of marriage, but the couple themselves. (The priest is the Church’s witness.) In their union with Jesus in the sacrament of marriage, Caitlin and Adam will minister to each other. Each will impart to the other God’s grace to be faithful and true to them every day. Christ is the unseen partner of their union.

My dear friends Caitlin and Adam: You are about to enter into a union that is most sacred and most serious. It is most sacred, because God himself established it. By it, he gave to humans a share in the greatest work of creation, the work of the continuation of the human race. He sanctified human love and enabled man and woman to help each other to live as children of God, by sharing a common life under his fatherly care. Because God himself is its author, marriage is a holy institution, requiring of those who enter into it a complete and unreserved giving of self.

But Christ our Lord added to the holiness of marriage an even deeper meaning and a higher beauty. He referred to the love of marriage to describe his own love for his Church, that is, for the people of God, whom he redeemed by his own blood. And so, he gave to Christians a new vision of what married life ought to be. This ideal is a life of self-sacrificing love, like his own. For this reason, his apostle, St. Paul, clearly states that marriage is now and for all time a great mystery. It is intimately bound up with the supernatural union of Christ and the Church, which union is also to be its pattern.

This union, then, is most serious. It will bind you together for life in a relationship so close and so intimate that it will profoundly influence your whole future. That future, with its hopes and disappointments, its successes and its failures, its pleasures and its pains, its joys and its sorrows, is hidden from your eyes. You know that these elements are mingled in every life. You can expect them in your own. And so not knowing what is before you, you take each other for better or for worse, for richer or for poorer, in sickness and in health, until death.

These words are most serious. It is a beautiful tribute to your undoubted faith in each other. Recognizing their full weight, you are still ready to pronounce them. Because these words involve such solemn obligations, you rightfully rest the security of your wedded life upon the great principle of self-sacrifice. You begin your married life by the voluntary and complete surrender of your individual interests for the greater good of the life you will share. Henceforth, you will belong entirely to each other. You will be one in mind, one in heart, and one in affections.

From now on, whatever sacrifices you may have to make to preserve this mutual life, always make them generously. Only love can make sacrifice easy; and perfect love can make it a joy. God’s love is perfect, and so he sacrificed his son to reconcile the fallen with the perfect. “Greater love than this no man hath, that a man lay down his life for his friends.”

No greater blessing can come to your married life than pure conjugal love, loyal and true to the end. May, then, this love with which you join your hands and hearts today never fail, but grow deeper and stronger as the years go on. If true love and the unselfish spirit of perfect sacrifice guide your every action, you can expect the greatest measure of earthly happiness that men and women live out in this vale of tears.

God pledges to you the life-long support of his graces in the Holy Sacrament that you are now going to receive.

Monday, October 10, 2016

VOIR TOUT CE QUE DIEU FAIT ET LUI RENDRE GRÂCE

Messe à la Paroisse de Saint Jovite—St Jovite, Québec
28e dimanche temps ordinaire—année «C» — 9 octobre 2016
 [Textes : 2 Rois 5,14-17; [Psaume 98]; 2 Timothée 2, 8-13; Luc 17, 11-19]


La fête de l’Action de grâce nous invite à réfléchir quant au besoin d’être des personnes reconnaissantes. Dans la quatrième préface pour les jours de semaine en temps ordinaire qui est adressée à Dieu en reconnaissance pour le salut, nous disons ceci : « Tu n’as pas besoin de notre louange et pourtant c’est toi qui nous inspires de te rendre grâce : nos chants n’ajoutent rien à ce que tu es, mais ils nous rapprochent de toi… »

À la lumière de l’évangile d’aujourd’hui, nous pourrions nous demander pourquoi certaines personnes sont incapables d’offrir des remerciements. Est-ce parce qu’elles sont trop tournées vers elles-mêmes ou parce qu’elles croient mériter plus que ce qu’elles reçoivent? Il ne nous revient pas d’en juger. Nous n’avons pas d’indices pouvant expliquer pourquoi certaines personnes, pourtant bénies par la vie, demeurent incapables de s’arrêter afin de rendre grâce pour ce qu’elles ont reçu. Ceci demeure un mystère du cœur humain.

En amorçant son récit évangélique au sujet de la guérison que Jésus offre aux dix lépreux, saint Luc informe ses lecteurs que : « Jésus traversait la région située entre la Samarie et la Galilée ». En mentionnant la Samarie, Jésus retourne à sa thématique du voyage et nous prépare à la révélation que le seul lépreux reconnaissant était un Samaritain. Ainsi, cette histoire du « Samaritain reconnaissant » fait écho au récit antérieur au sujet du « Bon Samaritain ». (10, 25-37).

Dans le sermon qu’il avait livré à Nazareth, Jésus avait fait référence au récit de la guérison de cet étranger, Naaman le Syrien, comme un précédent dans l’histoire du salut qu’est le ministère auprès de proscrits. La guérison de Naaman par le prophète Élisée, tout comme le souci d’Élie pour la veuve de Sarephta, fait office d’élément important dans la conception que Jésus se fait de la proclamation du Royaume.

Les étrangers sont au coeur du ministère de Jésus possiblement parce qu’ils voient Dieu à l’oeuvre d’une façon différente que celle des croyants et croyantes. Voilà pourquoi, après sa guérison, Naaman avait reconnu la nature particulière du Seigneur, le Sauveur d’Israël, alors qu’il déclare : « Il n’y a pas d’autre Dieu, sur toute la terre, que celui d’Israël ».

Les dix hommes lépreux rencontrent Jésus dans une zone limitrophe, notamment à l’entrée du village. Ils s’arrêtèrent « à distance » comme il est prescrit au livre des Nombres (5, 2-3) et dans le Lévitique (13, 45-46). En espérant potentiellement recevoir une aumône, ils s’écrient d’une même voix vers Jésus : « Jésus, maître, prends pitié de nous. »

Luc nous dit qu’« à cette vue » Jésus les dirigera vers les prêtres, car c’est à eux que revenait la responsabilité de déclarer qu’un lépreux n’offrait plus de risque à la santé publique et qu’il pouvait reprendre des relations sociales normales avec les autres.

Sur la parole de Jésus, Dieu a purifié les dix lépreux, mais leur guérison ne fut pas immédiate. Elle s’est accomplie alors qu’ils faisaient route afin de se présenter aux prêtres. On nous informe que l’un d’eux « voyant qu’il était guéri » « revint sur ses pas, en glorifiant Dieu à pleine voix. » Il n’a pas simplement compris qu’il était guéri, mais, aussi, que c’était Dieu qui était à l’oeuvre en Jésus le restaurant ainsi à la santé.

Tout ce qui habitait son coeur à ce moment-là s’est exprimé par le geste qu’il a posé : « Il se jeta face contre terre aux pieds de Jésus en lui rendant grâce. » L’intensité de sa gratitude était extraordinaire.

Jésus est déçu et mentionne que, des dix qui ont été purifiés, « Il ne s’est trouvé parmi eux que cet étranger pour revenir sur ses pas et rendre gloire à Dieu. » Il est le seul à répondre à la bonté de Jésus à leur égard, à cette expression de la grâce de Dieu. Jésus dira que la gratitude de cet homme est une manifestation de sa foi (« … ta foi t’a sauvé »).

Un rapport publié il y a quelques années faisait état du fait que la moitié des Américains plutôt riches que leurs pairs considéraient comme des gens qui connaissaient le succès étaient malheureux. Il serait peut-être opportun que les gens « voient » vraiment —à la manière du Samaritain—la main de Dieu accorder grâces et bénédictions (même leurs propres accomplissements, fruit de leur dur labeur) et d’y répondre avec gratitude, dans la foi.


Alors qu’au Canada, nous célébrons cette fin de semaine la Fête de l’Action de grâce, nous devrions nous demander jusqu’à quel point nous sommes reconnaissants pour les dons et les grâces que nous recevons de Dieu, en Jésus-Christ : dons de santé et de bien-être, les bienfaits que nous connaissons auprès de notre famille, de nos confrères d’école, de nos amis et au travail. Aussi, les grâces reçues de Dieu : le fait d’être créés à son image et à sa ressemblance, notre rédemption en Jésus-Christ et les grâces que nous procure notre vie en Église. 

Lorsque je visite les jeunes dans nos écoles ontariennes, je vois combien nous sommes chanceux de pouvoir encore leur offrir une éducation catholique dans leur langue maternelle, le français. Le défi qui est encore le nôtre est de les appuyer dans une démarche de foi personnelle – un défi qui est encore plus difficile pour vous au Québec depuis que vos écoles ne sont plus confessionnelles. Nous donnons à ce défi le nom de « nouvelle évangélisation », une conversion continue comme nous le rappelle le pape François. Dans un langage imagé, celui-ci nous lance le défi de ne pas voir notre foi comme le glaçage d’un gâteau ou un produit eén vaporisateur tel un désodorisant ou un parfum. Plutôt, nous devons le voir comme étant au cœur même de notre identité de croyant et d’être humain.

Dans la deuxième lecture, nous voyons que la gratitude de Paul envers Dieu demeure solide malgré son incarcération pour la cause de l’Évangile. Paul savait qu’il lui arriverait possiblement de ne pas demeurer fidèle, mais pas le Christ Jésus (« Lui reste fidèle à sa parole, car il ne peut se rejeter lui-même »). À cause de la fidélité du Christ, nous ne devons pas craindre ce qui doit venir, mais, plutôt, nous devons, dans la reconnaissance et la louange, demeurer confiants dans l’avenir.


Je remercie Mgr Lortie, le curé Jorge Duran, l'abbC André Desjardins, Mme Jeannette Leonard, présidente de la Fabrique St-Jovite pour leur accueil dans le Diocèse de Mont-Laurier, diocèse qui faisait autrefois partie de mon archidiocèse d’Ottawa. 

Alors que nous poursuivons notre célébration eucharistique, prions les uns pour les autres afin que nous demeurions tous animés par un sentiment d’action de grâce qui nous mènera à partager ce que nous avons reçu avec les autres, y compris notre foi.